Zone euro : Où est le plan B ?

Mar 9, 2016 | Partis politiques, intelligentsia, médias

 

La gauche dite radicale s’est réunie lors de deux colloques internationaux, l’un à Paris en janvier, l’autre à Madrid en février, pour tenter de fixer une stratégie européenne. Beaucoup de réflexions utiles, mais aucun plan n’a été fixé.

Baptisée « Sommet international du Plan B », la réunion parisienne s’est tenue les 23 et 24 janvier. Les grandes figures de la gauche « radicale » étaient là – Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot – mais le Parti communiste s’était abstenu. Il y avait les Espagnols d’Izquierda unida et de Podemos, les Allemands de die Linke mais pas de représentant de Syriza. Justement, les participants du colloque voulaient réfléchir aux moyens d’éviter la défaite subie en Grèce face à l’Eurogroupe. Frédéric Lordon a brillamment plaidé pour la sortie de l’euro sans parvenir à entraîner l’assemblée vers une politique de rupture.

La réunion madrilène, tenue les 20 et 21 février, n’a pas été plus décisive. Le ton était martial. Yanis Varoufakis a déclaré qu’il fallait constituer des « Brigades internationales pour rendre la démocratie à l’Europe » et l’un des ateliers s’intitulait fièrement « L’union européenne comme champ de bataille ».  En fait de mobilisation belliqueuse, on a eu droit à bon nombre d’homélies prudentes, de niaiseries européistes, de basisme inopérant, de gauchisme recuit. Olivier Besancenot a plaidé pour une méthode souple, fondée sur le partage d’expériences (avec un colloque conclusif dans dix ans ?) ; les écologistes ont célébré le « rêve européen », Nacho Alvarez, représentant de Podemos, a assuré que des marges de manœuvres existaient au sein de la zone euro sur les questions fiscales et budgétaires (comme si la défaite de Syriza n’avait pas eu lieu), d’autres ont plaidé pour la création d’un réseau européen de « villes rebelles » (mais toujours soumises au carcan monétaire) et on a même discuté de l’intersection des luttes contre l’austérité et des questions de genre…

Professeur d’économie et ancien membre de la plateforme de gauche du Syriza, Costas Lapavitsas a tenté de mettre de la cohérence dans les débats. Déplorant que « le message issu du séminaire de Madrid soit encore plus confus que celui de Paris », l’universitaire grec a dit que la « raison profonde » de la confusion entre le plan B et le plan A qui a échoué en Grèce, est que « Podemos tergiverse et se perd dans des océans d’ambiguïté, alors que la perspective du pouvoir se dessine » (1) alors que « le Parti de Gauche de Mélenchon est bien plus clair ». Puis il a démontré « la nécessité inéluctable d’une souveraineté populaire et nationale en Grèce et en Europe » avant de détailler le programme de restauration des souverainetés (2).

Un nouveau « sommet » est prévu au printemps. L’heure de l’offensive n’a toujours pas sonné.

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(1) la lettre ouverte adressée à Pablo Iglesias par Jacques Sapir et Christophe Barret : http://russeurope.hypotheses.org/4707

(2) Lire le texte intégral de Costas Lapavitsas sur le site français de l’Unité populaire : http://unitepopulaire-fr.org/2016/03/05/exigeons-la-souverainete-lapavitsas/

Article publié dans le numéro 1096 de « Royaliste » – 9 mars 2016

 

 

 

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