Chronique 52 : élection présidentielle – les critères de notre choix

Avr 30, 2012 | Chronique politique

A chaque élection présidentielle, les principaux candidats entretiennent la confusion en présentant des programmes complets de gouvernement comme si nous étions en régime autocratique. Certes, Nicolas Sarkozy est en plein accord avec lui-même, puisqu’il compte, s’il est réélu, assurer les fonctions de Premier ministre, de ministre des Affaires étrangères et de la Défense national, tout en continuant à diriger l’UMP et à veiller aux intérêts de son clan. Mais son rival pour le deuxième tour s’est cru obligé d’exposer tout un programme qui incite les citoyens à se prononcer sur les divers aspects des réformes annoncées ou à en privilégier certains. D’où un immense malentendu puisque le président de la République n’a pas l’initiative des lois.

Lors de son choix pour le second tour, la Nouvelle Action royaliste a décidé de s’en tenir strictement à la lettre de la Constitution de la 5ème République. Nous avons pris comme critères de jugement les fonctions énumérées à l’article 5 : « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État.
Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités
. »

Nicolas Sarkozy n’a pas respecté la Constitution : il a délibérément violé le principe de séparation des pouvoirs et porté gravement atteinte à l’indépendance nationale en décidant de notre réintégration dans l’OTAN et en souscrivant à de nouvelles contraintes européennes. Comme il n’a pas reconnu ces manquements ni promis de respecter désormais la Constitution, notre vote en sa faveur était exclu.

François Hollande peut faire l’objet de maints procès d’intention à cause de ses engagements passés et de ses silences : nous n’oublions pas qu’il a fait campagne pour le Oui au prétendu « traité constitutionnel » et nous ne nous souvenons pas qu’il ait pris la défense du peuple grec lorsque les dirigeants socialistes ont décidé de l’assommer. Mais nous ne serions pas royalistes si nous négligions ce qu’on appelle encore la grâce d’état. Lorsqu’un homme accède à la fonction politique suprême, il peut s’en trouver transformé parce qu’il est devenu l’homme de toute la nation et parce que, disposant de la décision d’engager la dissuasion nucléaire, il est l’ultime garant de sa survie. Nicolas Sarkozy n’a pas compris ni senti la nature et le poids de sa charge. Nul ne peut dire que François Hollande n‘en sera pas capable – et cette capacité ne dépend en rien de l’engagement partisan.

En appelant à voter pour François Hollande, nous disons simplement que les Français ont la possibilité d’avoir à nouveau un président de la République, après cinq années d’autocratie. Comme le candidat socialiste est décidé à renégocier le nouveau traité européen, ce qui est effectivement dans ses attributions, comme il est décidé à retirer nos troupes d’Afghanistan, ce qu’il est en droit de faire puisqu’il est chef des armées, nous avons été amenés à juger favorablement les conditions de cette éventuelle prise de fonctions. Rien de plus, rien de moins.

Lorsque nous avons appelé à voter pour François Mitterrand en 1981, nous n’approuvions pas toutes ses « 110 Propositions ». Nous avions pris alors des risques sérieux mais nous n’imaginions pas les critiques que nous serions obligés de faire aux gouvernements socialistes, surtout après le « tournant de la rigueur ». Il en est de même aujourd’hui : nous choisissons François Hollande parce qu’il faut un chef d’Etat à la tête de notre pays mais s’il est élu au soir du 6 mai, il sera jugé sur ce qu’il accomplit dans l’exercice de ses fonctions.

Quant au programme des socialistes, il sera débattu lors de la campagne pour les élections législatives. Il s’agira de choisir des députés et c’est à ce moment là que les citoyens pourront leur faire part – sans qu’il puisse être question de mandat impératif – des décisions qu’ils estiment nécessaire de prendre en fonction d’une hiérarchie des urgences. Comme toujours lorsqu’un parti de gouvernement présente son programme, il y a des concessions aux alliés, des complaisances pour les groupes de pression, des effets de mode, des tâches secondaires et des enjeux décisifs. Cette année, il est clair que la crise de la zone euro et le départ des troupes françaises d’Afghanistan sont des questions tellement primordiales que le gouvernement et le Parlement seraient irresponsables s’ils prenaient du temps pour discuter des fantaisies des Verts et de l’état des mœurs.

Le vote en faveur de François Hollande n’est pas une décision aliénante : la confiance n’est pas accordée une fois pour toutes et quoi qu’il arrive. Face à la certitude du pire qu’annonce le président des riches, il y a le fragile espoir d’une présidence arbitrale, première condition de l’unité politique et de la justice sociale. Si cet espoir était déçu, si le nouveau président et le gouvernement pliaient devant l’Allemagne, acceptaient des contraintes insupportables et maintenaient la nation française dans la soumission, il faudrait prendre sans tarder le chemin de la révolte avec les gaullistes et les socialistes patriotes.

 

 

 


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