Départementales : Arrachage d’électeurs

Mar 12, 2015 | Partis politiques, intelligentsia, médias

                               

Le résultat des élections départementales inquiète en haut lieu. A tel point que François Hollande, oubliant une fois de plus son rôle arbitral, s’est mué en stratège de la campagne socialiste.

On arrache des carottes et des pommes de terre, des betteraves et des oignons. On arrache des dents et on s’arrache les cheveux. François Hollande a assigné un nouveau domaine à l’arrachage puisque la chose à enlever devient une personne et plus précisément un électeur. Devant des lecteurs du Parisien, il a en effet été énoncé ce qui suit : « La seule attitude à avoir, c’est d’aller chercher les électeurs du FN, les arracher même pour leur parler et les convaincre ».

Dans un film des Marx Brothers, la scène serait du plus haut comique : des militants socialistes, la rose au poing, venant arracher la ménagère de sa cuisine, l’étudiant de son cours, le retraité de sa partie de boule, l’ouvrier de sa chaîne de montage pour les installer devant un gigantesque moulin à paroles. Il faudrait que le film soit muet car François Hollande, s’il indique le but de l’arrachage – « leur parler et les convaincre » – ne dit pas par quels discours les militants socialistes les maintiendrait dans un tel état d’arrachement qu’ils se déporteraient vers la gauche aux élections départementales.

Il est vrai que François Hollande, dans l’homélie susmentionnée, donne un argument qui se voudrait massue lors de la phase du « parler-et-convaincre » après l’arrachage : le Front national « est tout sauf le parti de la République ». La thèse peut se soutenir mais le Front national, oubliant ses propres failles, rétorque à juste titre que le Parti socialiste a sacrifié la République française sur les autels de Berlin, Bruxelles et Washington. Quand il vient d’une oligarchie, le rappel aux valeurs républicaines tombe toujours à plat.

Alors que faire ? Les candidats socialistes peuvent-ils arracher les électeurs à leur enracinement frontiste en énumérant des résultats concrets ? Les chiffres du chômage disent à eux seuls que la cause est perdue.

La gauche en est donc réduite, comme toujours face au Front national, à la réprobation morale et aux formules incantatoires. Le Front national, c’est très mal. L’extrême-droite, c’est dangereux. Il faut faire France et promouvoir l’être ensemble… La suite est connue : après les litanies de la campagne électorale, la défaite cinglante du dimanche soir et le lundi matin, les appels à la vigilance qu’on entend depuis trente ans.

Faut-il se résigner ? Pas du tout. Nous ne sommes pas les seuls à dire que la sortie de l’euro, qui est la condition première d’une politique de redressement économique et social, priverait le Front national de son meilleur argument et d’une bonne partie de son électorat. Mais ça, personne en haut lieu ne veut en entendre parler.

 

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Article publié dans le numéro 1074 de « Royaliste » – 12 mars 2015

 

 

 

 

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