Des dernières facéties de la diplomatie jupitérienne – par Jean Daspry

Juin 22, 2025 | Billet invité | 1 commentaire

 

« Il se passe toujours quelque chose aux Galeries Lafayette ». Ce fameux slogan du monde d’hier reste toujours d’actualité dans celui d’aujourd’hui. Ce qui valait hier pour la sphère de l’habillement et de la maison vaut de nos jours pour la diplomatie erratique du plus jeune président de la Cinquième République, Emmanuel Macron 1er. Il ne se passe pas une journée sans que les errements coupables du chef de l’État sur la scène internationale ne se transforment en farces faisant le buzz sur les réseaux asociaux. Elles donnent lieu, aux quatre coins de la planète, à de vastes et franches rigolades dignes du spectacle de Guignol de notre enfance. Qui plus est, ces mascarades discréditent les propos de l’ancien apprenti comédien, élève appliqué d’une certaine professeure du nom de Brigitte Trogneux.  Au mieux ses péroraisons martiales, soporifiques à jet continu sur l’Ukraine, sur Gaza … amusent la galerie ; au pire, lassent ses auditoires incrédules. Reprenons les quatre dernières plaisanteries diplomatiques et médiatiques de notre amuseur public préféré ! Elles permettent de mieux apprécier l’étendue des dégâts provoqués par cette politique du spectacle et de la télé-réalité poussée à son paroxysme avec une constance qui force le respect ! Mieux vaut en rire qu’en pleurer au stade où nous en sommes en cet été de l’an de grâce 2025.

LA DIPLOMATIE DES CHAISES MUSICALES

Cette nouvelle forme de la diplomatie française a pour cadre la cité du Vatican en marge des obsèques du Pape François.

Après la fameuse scène du Bureau ovale durant laquelle Donald Trump et J. D. Vance sermonnent vertement le président ukrainien tel un malappris, l’important était de donner une image apaisée de la relation entre les deux hommes. À cette fin, les caméras de télévision sont conviées à filmer les deux chefs d’État s’entretenant face à face installés sur deux chaises en la Basilique Saint-Pierre de Rome. C’était sans compter sur l’entregent d’Emmanuel Macron qui vient jouer les trouble-fête. Celui-ci fait discrètement installer un troisième siège pour prendre sa juste part dans le dialogue américano-ukrainien. Toute chose qui n’est pas du goût des deux protagonistes peu désireux de s’encombrer d’un troisième larron. Chacun fait savoir, à sa manière, à Jupiter qu’il est de trop et qu’il a mieux à faire ailleurs. Dans le même temps, un ecclésiastique escamote la troisième chaise, laissant ainsi le président français à son désespoir. Confus, mais un peu tard, il jure qu’on ne l’y prendrait plus. Il s’évapore. Il tient sa revanche en recevant quelques heures plus tard dans les superbes jardins de la Villa Bonaparte (siège de notre ambassade près le Saint-Siège) le comique ukrainien. Tout est bien qui finit bien pour notre héros malheureux.

La morale de l’histoire est que la diplomatie des chaises musicales n’est pas toujours chaise (chose) aisée.

LA DIPLOMATIE DE LA POCHETTE SURPRISE

Cette nouvelle forme de la diplomatie française a pour cadre une sorte de wagon de l’Orient-Express conduisant notre Auguste Jupiter 1er de Pologne à Kiev en compagnie de ses collègues allemand et britannique.

Après avoir devisé doctement sur un conflit sur lequel ils n’ont pas la moindre prise, nos trois larrons décident de se dégourdir les jambes. Ils déambulent dans ce wagon digne d’un roman d’Agatha Christie. Chacun essaie de faire bonne figure, s’occupant comme il le peut pour tuer le temps diplomatique infini. Soudain, tel un diable sortant de sa boîte, Emmanuel Macron fonce vers la table de travail de notre trio de choc. Il s’empare lestement d’un mouchoir en papier qu’il dissimule aussitôt pour le cacher à la face du monde. Une fois encore, la vidéo devient virale. Une question est dès lors posée : pourquoi pareille frénésie de faire disparaître promptement ce morceau de papier anodin ? La réponse est vite trouvée. Le mouchoir ne pouvait que dissimuler un sachet de drogue, une poudre de perlimpinpin blanche que Jupiter consommerait régulièrement lors de ses longues nuits d’insomnie alors que Morphée le boude. Le château dément vigoureusement la nouvelle. Rien n’y fait. Le mal court. Macron, OSS 117 de la honte internationale, est pris à son propre piège de la société du spectacle.

La morale de l’histoire est qu’il ne faut jamais laisser traîner ses mouchoirs sur un bureau au vu et au su de tout un chacun

LA DIPLOMATIE DU DOIGT PRISONNIER

Cette nouvelle forme de la diplomatie française a pour cadre Tirana.

Réunis dans cette douce capitale de l’Albanie à l’occasion du sixième sommet de la Communauté politique européenne (47 États), le président turc, Recep Tayyip Erdogan et le président français, Emmanuel Macron se serrent la main comme cela est de tradition en marge de ces « happening ». Chose étonnante, le nouveau Sultan profite de l’occasion pour retenir plusieurs doigts de Jupiter avant de garder le majeur en main (treize secondes chrono), et ainsi, l’empêcher de poursuivre son chemin sans encombre. Il lui fait une #Trump en le gardant prisonnier tel un mauvais garnement. La séquence sidérante immortalisée sur les réseaux sociaux fait rapidement le tour du globe, devenant virale. Les internautes n’en finissent pas de déclarer urbi et orbi que le chef de l’État a été humilié. Cette séquence contribue, une fois de plus, à moquer le président de la Grande nation, pris à son piège de sa diplomatie tactile et plus encore. Lui, qui avait fait plier Donald Trump dans une séquence de bras-de-fer inédite dans des rencontres diplomatiques bilatérales, en reste coi. La Sublime Porte a encore de beaux restes.

La morale de l’histoire est tel est pris qui croyait prendre avec cette étrange poignée de main ou de doigt !

LA DIPLOMATIE DE LA CHAMAILLERIE

Cette nouvelle forme de la diplomatie française a pour cadre l’avant de l’Airbus présidentiel tout juste posé sur le tarmac d’Hanoï, ex-capitale du Nord-Vietnam au moment de l’ouverture des portes.

Alors que le couple présidentiel s’apprête à emprunter l’escalier qui le conduira à poser le pied sur la terre vietnamienne, une vidéo prise fort à propos immortalise une scène étonnante et inhabituelle. On y découvre Emmanuel Macron semblant se prendre une belle paire de gifle de la douce main de son épouse passablement courroucée. Une spectaculaire mornifle à deux mains comme certains revers au tennis à Roland Garros. Preuve du désarroi de la première Dame, quelques secondes après, elle refuse le bras que son tendre époux – l’homme battu – lui propose avec amour. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. La vidéo devient vite virale. On se gausse des malheurs de Manu à Moscou et ailleurs. À tel point que l’Élysée est contraint de publier, dans un premier temps, un communiqué affirmant que la vidéo est truquée. Devant les preuves irréfutables de son authenticité, le Château admet l’erreur, précisant aussitôt que le couple présidentiel « plaisantait », « se chamaillait ». Il ne s’agissait que d’un « moment de complicité ». Ni plus, ni moins. Circulez, il n’y a rien à voir.

La morale de l’histoire est que chamaillerie n’est pas dispute et que le couple présidentiel est plus uni que jamais.

CODICILLE FACÉTIEUX

Alors que l’on pensait venu le temps d’une pause, cela repart de plus belle avec les errements jupitériens ! Il est vrai que le Président de la République est servi par une actualité internationale riche en rebondissements.

Lors du sommet du G7 de Kananaskis, il ne peut s’empêcher de commenter des propos de Donald Trump sur la question iranienne alors que ce dernier a quitté le sol canadien en raison du déclenchement des frappes israéliennes sur l’Iran. L’homme à la mèche blonde réagit immédiatement sur son réseau social en moquant Emmanuel Macron qu’il accuse « de n’avoir rien compris » à ses intentions sur le conflit irano-israélien. La France est, une fois encore discréditée par les propos inconséquents du chef de l’État.

Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron, qui se vante d’être en contact téléphonique constant avec le locataire de la Maison Blanche, veut se rendre intéressant en plaidant pour une option diplomatique européenne pour faire cesser le conflit. La réponse américaine à ce pétard mouillé tombe quelques jours plus tard avec le bombardement américain des sites d’enrichissement de l’uranium de Fordo, Natanz et Ispahan. S’il s’est entretenu avant et après cette frappe avec le Premier ministre israélien, Donald Trump n’a pas cru bon d’en informer notre Mozart de la diplomatie.

Dans le même temps, Emmanuel Macron est contraint de renoncer à sa grande conférence internationale sur la reconnaissance de la Palestine en raison du conflit entre l’Iran et Israël. Encore une brillante idée jupitérienne qui tombe à l’eau par défaut de clairvoyance de son génial géniteur. D’un nouvel avatar de la diplomatie du pétard mouillé dont le chef de l’État est un adepte incontesté.

C’est ce moment particulièrement compliqué pour notre diplomatie au Proche-Orient que choisit notre locataire précaire du Palais de l’Élysée pour annoncer la nomination de notre ambassadeur à Téhéran en la personne de Pierre Cochard. Si l’homme est respecté et respectable, l’on se demande pourquoi il a fallu autant de temps pour pourvoir ce poste sensible depuis le départ de son précédent titulaire, Nicolas Roche.

Sur l’épineux dossier ukrainien, l’on pourrait dresser le catalogue des gaffes à répétition dont le chef de l’État est l’auteur. Le moins que l’on soit autorisé à dire est qu’il n’a jamais fait preuve de la moindre clairvoyance sur les évolutions en cours de cette guerre avec la Russie depuis le début du conflit.

Cette liste des gaffes diplomatiques du plus jeune Président de la Cinquième République est loin d’être exhaustive. Elle n’est qu’indicative tant le sottisier diplomatique d’Emmanuel Macron est un puits sans fond. À chaque jour suffit sa peine. Soyons rassurés, le flot de gaffes n’est pas prêt de se tarir au rythme où vont les choses !

LES PITRERIES DU POTACHE JUPITER !

« Rien de plus pathétique que le dérisoire » (Victor-Lévy Beaulieu). Au rythme où vont les choses, l’on se demande dans quel état Emmanuel Macron laissera la diplomatie française à son successeur en 2027 ? Sans l’ombre d’un doute, il lui transmettra, sur le prestigieux perron du Palais de l’Élysée, avec un air de satisfaction non feinte du travail bien accompli, un champ de ruines indescriptible ! Un corps diplomatique démantelé et affaibli ; une diplomatie illisible et décrédibilisée ; une politique étrangère inexistante et, donc, fluctuante ; un président moqué et ridiculisé … mais surtout une France raillée et déclassée dans le concert des nations. Bravo au Mozart de la finance et de la diplomatie ! Pire encore, les derniers mois de son mandat risquent de nous fournir le spectacle affligeant d’un festival de gaffes et de bévues, l’homme étant plus désinhibé que jamais. Pauvre France ! Le maître des horloges se transforme en spectateur du sablier qui égrène le temps qui passe. Il n’a pas la moindre prise sur le réel. Celui sur lequel il se cogne constamment, pour reprendre la formule de Jacques Lacan. Après les délices de l’abécédaire de l’anti-diplomatie jupitérienne[1], ne boudons-pas notre plaisir. Embrassons-nous Folleville avec les dernières facéties de la diplomatie jupitérienne !

Jean DASPRY

(pseudonyme d’un haut fonctionnaire, Docteur en sciences politiques.

Les opinions exprimées ici n’engagent que leur auteur.

 

[1] Jean Daspry, Abécédaire de l’anti-diplomatie jupitérienne !, www.bertrand-renouvin.fr , 4 avril 2025.

Partagez

1 Commentaire

  1. RR

    En tout cas l’agression américaine contre l’Iran décidée par Donald Trump ami de Netanyahou prouve s’il en était encore besoin qu’il est tout aussi détestable que ses prédécesseurs.
    Décidemment l’Amérique ne change pas et reste un ennemi des peuples libres.
    N’en déplaise à une certaine extrême-droite occidentaliste, l’Amérique qu’il faut aimer c’est celle de Joan Baez et de Bob Dylan.