Front national : Guerre de positions

Déc 20, 2016 | Partis politiques, intelligentsia, médias

 

Entre Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen le conflit qui couvait depuis longtemps a éclaté au grand jour. Si le Front national gagnait les élections présidentielle et législatives, quelle ligne choisirait-il ?

En septembre dernier, un observateur impartial me disait en privé que si Marine Le Pen organisait un congrès à l’automne, elle serait mise en minorité. Il n’y aura pas de congrès ni de primaires chez les frontistes mais dans la première quinzaine de décembre Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen se sont affrontés au grand jour sur l’avortement. Le premier ayant accusé la seconde d’être « seule » et « isolée » sur cette question, des militants ont lancé sur les réseaux sociaux un mouvement de solidarité avec l’élue du Vaucluse qui a eu un large écho.

L’affaire, largement médiatisée, a confirmé l’existence au sein du parti frontiste de deux tendances que l’on peut grossièrement définir ainsi : au Sud, une tendance xénophobe, libérale-conservatrice et volontiers antigaulliste (1) qui est celle du Front des origines ; au Nord, une tendance plus sociale et anti-européiste en phase avec un électorat victime de l’ultralibéralisme. On aurait tort, cependant, de voir en Florian Philippot un gaulliste de gauche : il est de toutes les campagnes contre les étrangers.

La présidente du Front national tente de maintenir l’équilibre entre les deux chefs de tendance : elle ne vient jamais faire une génuflexion à Colombey-les-deux-Eglises en compagnie de Florian Philippot et elle a fait la leçon à sa nièce sur l’avortement après lui avoir interdit de participer à L’Emission politique sur France Télévisions. Mais Marine Le Pen continue de cultiver avec soin la xénophobie : ces derniers mois, le Front national a fait campagne contre les migrants sans soulever les foules qu’il conviait dans les rues et sa présidente, en pleine bataille Marion-Florian, a réitérer sa proposition de faire payer leur scolarité aux enfants en situation irrégulière.

Ces jeux internes équilibrés par la démagogie ne vaudraient pas plus de quelques lignes si Marine Le Pen ne prétendait pas à la présidence de la République et au gouvernement du pays par le biais d’un gouvernement et d’une majorité parlementaire acquis au Front national. Dans l’hypothèse improbable d’une victoire totale, Marine Le Pen pourra-t-elle faire respecter la ligne Philippot ? Deux sénateurs frontistes avaient déposés des amendements ultralibéraux lors de la discussion sur la loi El Khomri et Marion Maréchal-Le Pen a récemment déclaré qu’elle est libre de déposer les  propositions de loi qui sont conformes à ses convictions…et à celles de la majorité des adhérents du Front national. Cela promet !

Il serait honnête de clarifier la situation avant l’élection présidentielle.

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(1) « Enfoirés de gaullistes !» s’est exclamé le frontiste Thibault de la Tocnaye lors d’un débat au conseil régional de Paca, le 16 décembre.

Article publié dans le numéro 1112 de « Royaliste » – 20 décembre 2016

 

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