« Le Monde » : En perte de vitesse

Juin 21, 2004 | Partis politiques, intelligentsia, médias

 

 

L’accord entre la direction du Monde et les éditions Fayard au sujet du livre de Pierre Péan et Philippe Cohen provoque un fort sentiment de malaise, sur lequel il est prudent de ne rien dire : d’abord parce que nous ne connaissons pas encore l’histoire de cette négociation, à l’issue de laquelle le fameux livre ne sera plus réédité, ensuite parce que le texte de l’accord est lourd de menaces judiciaires pour les journaux qui évoqueraient trop précisément certains éléments du grand procès que nous attendions.

Il nous reste la possibilité de commenter les résultats financiers du groupe Le Monde, qui se sont encore dégradés au cours de l’année écoulée : la perte nette est de 25 millions d’euros en 2003, contre 19,1 millions en 2002.

Ce résultat est d’autant plus étonnant que le journal dispose de l’incarnation, en la personne d’Alain Minc, de l’Excellence prévisionnelle (la « mondialisation heureuse »), de la Gestion performante, du Conseil éclairé et de la Vigilance extra-lucide. Ainsi préservée d’un dérapage hors du « cercle de la raison », la direction du Monde se réjouit à l’idée qu’elle s’installera bientôt dans l’immeuble qu’elle a fait construire dans le 13ème arrondissement.

Ce surcroît d’espace et de confort évitera sans doute toute interrogation superflue sur la baisse des ventes du quotidien (- 4,4{9ef37f79404ed75b38bb3fa19d867f5810a6e7939b0d429d6d385a097373e163}) pour la première fois depuis dix ans. Après tout il suffit d’acheter des entreprises florissantes pour compenser les pertes et de garder la confiance des milieux financiers. Quand on fait un journal, mieux vaut être bien vu de son banquier que de ses lecteurs, pas vrai ?

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Article publié dans le numéro 841 de „Royaliste“ – 21 juin 2004

 

 

 

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