Après les élections législatives, nous pouvions raisonnablement espérer le grand réveil du débat parlementaire, grâce au Rassemblement national et au nouveau cartel des gauches. Pour le moment, c’est raté.

Le projet de loi sur les retraites était l’occasion d’un débat de fond, entre la majorité et les oppositions. François Ruffin avait donné le ton, dans un rude discours solidement charpenté, bien écrit et bien prononcé. Puis ses collègues de La France insoumise sont entrés en scène.

Le spectacle des Insoumis était manifestement inspiré par Gérard Saint-Brice, le célèbre Metteur en espace de la troupe des Farfadets de Limoges. Indignations surjouées, incidents en tous genres, vociférations, insultes… Il s’agissait de montrer que les adeptes de la révolution citoyenne étaient en phase avec la rue – alors que les manifestations massives étaient en train de se dérouler dans un calme résolu !

Cette contradiction manifeste entre la démonstration syndicale et la posture “radicale” n’a pas troublé les Insoumis. Leurs provocations ont duré jusqu’au dernier jour, malgré l’exaspération des députés écologistes, socialistes et communistes qui ont vigoureusement protesté lorsque le ministre du Travail a été traité d’assassin par Aurélien Saintoul, vite obligé de retirer ses propos.

Décidée sans concertation avec leurs partenaires de la Nupes par un Mélenchon qui campe hors les murs de l’Assemblée nationale, la tactique d’obstruction des Insoumis consistait à ralentir au maximum le débat par la multiplication des incidents de séance et par le dépôt de 13 000 amendements. Or de nombreux députés de gauche et les directions syndicales souhaitaient un débat sur l’article 7 du projet de loi, qui porte l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, puis un vote obligeant chaque député à prendre ses responsabilités devant les électeurs.

Le chef de la France insoumise ayant décidé que les amendements déposés par le groupe ne seraient pas retirés, le débat s’est arrêté au soir du vingtième jour sans que l’article 7 soit examiné. Plus ou moins furieux, les écologistes ont dénoncé un “raté stratégique de LFI”, Fabien Roussel a accusé les Insoumis d’avoir “pourri les débats” à l’Assemblée nationale et David Assouline, sénateur socialiste, a affirmé “qu’on ne peut pas être unis derrière Jean-Luc Mélenchon qui entraîne la gauche dans une impasse totale”. Laurent Berger a pour sa part dénoncé la “bordélisation” au Palais-Bourbon tandis que Philippe Martinez accusait les Insoumis de vouloir “s’approprier le mouvement social”.

Somme toute, Jean-Luc Mélenchon a réussi à rassembler contre les Insoumis un vaste front politique et syndical tout en évitant au gouvernement des débats risqués dans les sables mouvants de sa majorité.

Tout le monde a remarqué que le Rassemblement national avait gagné en crédibilité au fil des débats, tant le groupe parlementaire lepeniste contrastait par son sérieux et sa mesure avec les improvisations débiles de la troupe des Farfadets. Encore bravo aux héros autoproclamés de “l’antifascisme” !

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Article publié dans le numéro 1251 de « Royaliste » – 25 février 2023

 

 

 

 

 

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