Avec son Parti de gauche qui pourrait fusionner avec le Parti communiste, Jean-Luc Mélenchon est un problème qui ne parvient pas à trouver sa solution à cause de la faiblesse de ses analyses.

Jean-Luc Mélenchon possède bien des qualités qui font le « grand homme » politique – le sens de la justice, le courage de l’intention, la fidélité à soi-même – mais il a échoué dans les deux occasions historiques qui lui permettaient de s’élever au-dessus de lui-même.

La première fut la campagne pour le Non au référendum de 2005, après laquelle il aurait pu prendre la tête d’un vaste rassemblement patriotique – puisque Laurent Fabius n’avait pas l’audace de rompre avec la fraction européiste – hollandiste, nous ne l’oublions pas – de son parti. Jean-Luc Mélenchon préféra, en 2008, monter son affaire à la gauche de la gauche. La deuxième occasion fut la campagne présidentielle de cette année, menée avec un dynamisme et des effets de tribune qui firent espérer que le Front de Gauche dépasserait le Front national grâce à de bons succès dans l’électorat populaire. Las ! Le candidat Mélenchon n’a obtenu que 11% des voix, surtout dans les régions traditionnellement communistes du centre et dans les zones industrielles de la région parisienne et du Nord. Mais les électeurs relégués dans les périphéries urbaines, victimes des délocalisations et de la réduction des services publics, ont voté pour Marine Le Pen.

Au vu de cet échec cinglant – un socialiste et des communistes qui ne parviennent pas à rassembler un large électorat populaire – les dirigeants du Front de Gauche auraient tout intérêt à faire une autocritique approfondie au lieu de se chamailler sur le problème de la participation au gouvernement. Deux erreurs ont été commises :

La posture antifasciste. Cela fait plus de quinze ans que nous expliquons que le Front national n’est pas un parti fasciste et que ses électeurs ne sont pas – à quelques exceptions près – des brutes racistes. Sans écouter ceux qui, à gauche, disent la même chose que nous, Jean-Luc Mélenchon s’est fait plaisir en dénonçant le fascisme et en assurant les ouvriers qui votent Front national de son parfait mépris.

Le laxisme économique et social. Le désir de justice sociale ne vaut rien si un projet politique général ne donne pas les moyens de le réaliser. Le chômage, les bas salaires et la dégradation des services publics se combattent d’abord par la remise en question de la zone euro et par la protection de l’économie. Marine Le Pen a bien compris ce point mais il est facile de montrer que les propositions économiques du Front national manquent de cohérence. Jean-Luc Mélenchon n’a pas fait ce travail pour des raisons – conception de la nation, rapport à l’Europe – qui faudra expliciter.

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Article publié dans le numéro 1013 de « Royaliste » – 14 mai 2012.

 

 

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