De nos mille numéros, que peut-on retenir d’essentiel ? Une critique engagée de l’actualité telle que la comprend notre « intellectuel collectif » : inscription de l’événement national et international dans la dynamique de l’histoire, volonté de participer à la vie politique et de contribuer à la mise en œuvre du projet national sans rien céder sur nos principes.

Ces principes, nous les avons peu à peu reconnus au fil d’intenses discussions qui se poursuivent et qui nous ont permis de donner corps à un ensemble de fidélités et d’engagements, ordonnés dans le souci de la raison politique.

Amour discret mais fervent de la patrie, qui se passe de commentaire et qui nous unit à tous les autres Français, présents ou en devenir.

Volonté de servir la République, classiquement conçue comme bien commun, qui a pris dans la nation française la forme concrète d’un Etat de droit fondé sur la Déclaration de 1789 et sur les Préambules de 1946 et 1958.

Fidélité aux Bourbons-Orléans, héritiers de la tradition capétienne  – sans que celle-ci soit mythifiée. Nous tenons à examiner le passé en toute rigueur, grâce aux lumières apportées par des historiens de toutes opinions.

Quant à la tradition royaliste, nous ne saurions l’exprimer tout entière. Nous sommes reliés au monarchisme libéral – aux monarchiens et monarchistes constitutionnels qui ont voulu en 1789 le Roi et la Révolution et qui ont établi, après le retour de la monarchie en 1814 et la révolution de 1830, le régime parlementaire. Nous sommes reliés aux royalistes inspirés par le christianisme social, qui contribuèrent à poser les fondements du système français de protection sociale.

Parmi tant d’autres Français, nous sommes fidèles au général de Gaulle, à la Résistance, au programme du Conseil national de la Résistance – aux révolutions réussies de 1944 et de 1958.

Dans le domaine des institutions, cela signifie que nous défendons la Constitution de la Vème République contre les nostalgiques du régime d’Assemblée et contre les autocrates  –  avec la volonté, qui nous est propre, de transformer la monarchie élective en monarchie royale pour équilibrer le régime parlementaire et mieux garantir la démocratie.

Au-delà de la question du régime politique, nous voulons repenser le Politique en tant que tel dans son autonomie et selon ses limites – enjeu crucial à une époque où la finance domine l’économie et où les ultralibéraux tentent de substituer une « gouvernance économique » au gouvernement politique qui est la condition première de la justice sociale et de la liberté.

C’est la Liberté qui a inspiré notre combat contre le totalitarisme  à l’époque du maoïsme triomphant, notre engagement aux côtés des dissidents de l’Est européen, notre hostilité à la dictature exercée par le Parti communiste chinois qui fait aujourd’hui l’objet, à droite et parfois à gauche, d’une coupable tolérance.  C’est pour la Liberté que nous combattons l’ultralibéralisme qui impose ses recettes d’appauvrissement généralisé, ses techniques d’exploitation et de destruction de la personne humaine, son entreprise de dévaluation de toutes les valeurs.

C’est le souci primordial de la justice qui nous fait refuser la destruction du système français de protection sociale, et participer aux luttes de classes pour qu’il soit développé dans le proche avenir.

En opposition frontale à la pensée dominante, nous n’avons cessé d’affirmer que la nécessité de la nation. Nous la définissons, selon la tradition française, comme la réalisation d’un projet historique grâce à la construction progressive d’un Etat de droit. Ce qui implique le rejet du nationalisme, qui se fonde sur une introuvable ethnicité. Pour nous, la nation est la condition première de la démocratie et l’élément constitutif de l’Europe qui se détruirait si, par pure hypothèse, des oligarques réussissaient son intégration fusionnelle. C’est pourquoi nous avons repris le projet d’une confédération des Etats nationaux de notre continent.

C’est dire que notre journal, toujours attentif à l’actualité, se situe dans le temps long de l’histoire. Cette œuvre collective sera reprise, critiquée, enrichie par nous et par d’autres que nous. De l’aventure commencée voici quarante ans, nous connaissons le sens mais pas l’aboutissement. Comme toujours en France, c’est la Liberté qui guide nos pas.

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Editorial du numéro 1000 de « Royaliste » – 14 novembre 2011

 

 

 

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