Régionales : en avant vers l’impasse – Chronique 121

Déc 7, 2015 | Chronique politique | 4 commentaires

 

Depuis 1984, c’est toujours la même comédie. Le Front national s’affirme, progresse, conquiert. La Gauche et la Droite s’inquiètent, fustigent, condamnent. « La Bête immonde !». « Faire barrage ! ». « Front républicain » … ou pas. Des torrents d’éloquence pour en arriver, la fois suivante, à une nouvelle percée frontiste. On parie sur une rémission – cela est arrivé. On croit que les électeurs qui ont mal voté vont se reprendre après une nouvelle leçon de morale et l’administration d’éléments de langage bien choisis. Rien n’y fait. Deux raisons, ici maintes fois explicitées :

1/ La gauche et la droite constituent une oligarchie qui applique les préceptes de l’ultralibéralisme et qui s’en remet pour le reste à une modernité caractérisée par la dévaluation de toutes les valeurs. Insécurité économique, insécurité sociale et insécurité culturelle se cumulent. Comme remède, les oligarques promettent une croissance à 1{9ef37f79404ed75b38bb3fa19d867f5810a6e7939b0d429d6d385a097373e163} et se disputent sur les moyens d’y parvenir. Sous le carcan de la « monnaie unique », en régime de libre échange, rien d’autre à proposer que la flexibilité du marché du travail (à droite) ou le « sauvetage » a minima du modèle social (à gauche) sous le diktat de Berlin et Bruxelles.

2/ Le Front national est dans une opposition radicale qui lui permet de parler tous les langages et de faire toutes les promesses sans se soucier de ses contradictions : il est nationaliste et patriote, unitaire et identitaire, hostile à l’euro, à l’immigration, aux réfugiés, à l’islam… Marine Le Pen, dans la campagne présidentielle, tirera tout le parti possible de son aile gauche (Florian Philippot) et de son aile droite (Marion Maréchal-Le Pen) qui n’ont pas intérêt à lui faire d’histoires. Dans l’état actuel des forces politiques, rien ne peut arrêter sa progression électorale… vers une mise en échec qui peut prendre deux formes :

–  ou bien Marine Le Pen sera en permanence le repoussoir qui permettra à l’une des factions de l’oligarchie de se maintenir au pouvoir et elle sera débordée sur sa droite ;

–  ou bien elle sera portée à la présidence de la République en 2017 ou plutôt en 2022 et toutes les contradictions dont elle a profité se refermeront brutalement sur elle.

Il n’y a pas de fatalité en histoire. Encore faut-il que cette juste maxime inspire la décision d’en changer le cours.

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4 Commentaires

  1. Conrad Stettbacher

    Bertrand,

    Vous dites de la droite comme de la gauche que ce qui les perd est qu’elles sont toutes les deux inféodées à l’ultra-libéralisme…Je m’interroge : vous savez sans doute ce qu’est ce type de libéralisme. La suprématie des marchés, marchés des biens et des valeurs et la place majeure des activités spéculatives dans le but « honorable » de faire des profits et si possible des super-profits. Pour ce faire, ces messieurs (et dames) recourent à deux outils, les ventes à découvert (spéculations à la baisse) et les produits dérivés tous construits sur des formules mathématiques destinées à optimiser et assurer le profit.

    D’après cette description, maintenez-vous toujours que la droite et la gauche française sont inféodées à l’ultra capitalisme ?

  2. Henri

    Que peut-on faire d’autre que d’être dans une opposition radicale àun régime qui se nourrit de sa décomposition . C’est d’ailleurs le talon d’achille de Marine, vouloir sauver r ce régime, qu ia fait la preuve qu’il n’est pas au service du bien commun et de risquer de remplacer r une maffia oligarchique par une autre. ELle doit, elle aussi ,se soumettre à autre chose, mais d’ici là , elle seule a le courage de nous débarrasser des socialistes, des UMP style Juppé, et des UDI ou de les faire éclater pour une recomposition des  » politiques . Seule une alliance Marine J.P Chevenement, Dupont d’Aignant de Villiers, et Marion permettrait de respirer un air un peu plus pur de former ce parti des politiques et de rallier les socialistes qui ont gardé en eux la flamme de l’attachement à la France. . La balle est dans le camp de Chevenement , stupidement attaché à la mystique républicaine, en fait une matrice des totalitarisme,Dupont d’Aignan idem et Marine se sclérosant sur Valmy. Seule Marion finalement a la classe. Prions pour elle.

  3. OLIVIER COMTE

    Que ce texte exemplaire puisse tout dire brièvement montre le triste état de notre pays.
    Un député socialiste exigeait de nous un « vote citoyen ». Dans quel délabrement notre démocratie est-elle tombée? S’agit-il d’une obligation ou d’un droit? Les mots créent les apparences et de nouvelles apparences créent des mots nouveaux.

    La cause de la dissolution de la démocratie est la différence de nature entre le pouvoir politique et le citoyen:
    Le pouvoir est « élu démocratiquement », il peut donc tout faire et tout dire, sans retenue.
    Le citoyen n’est pas « élu démocratiquement », il n’a donc aucun droit politique et doit se taire. On le sortira de sa boîte, en partie, pour les cérémonies rituelles de vote.

  4. patricia

    Si la France n’était pas dans l’état horrible où elle se trouve, il y aurait de quoi en rire. Voir les candidats de la droite et de la gauche unis pour faire campagne a quelque chose de grotesque, entendre hier Estrosi nous faire pleurer sur « le petit fils d’immigré » et essayer de rallier tous les fils d’immigrés jusqu’aux russes blancs à sa cause (et les dissidents alors ?) et les asiatiques ? et les sous-chiens ?(oui c’est vrai ce sont des sous-chiens, des moins que rien, mauvais pour la cause…)..Non cette classe politique honnie ne nous aura rien épargné : la révolte, le désespoir, la colère, la honte, mais là elle finit dans une débandade généralisée et dans un rire libérateur. Nous regardons le spectacle et nous nous disons : ce n’était donc que cela ? ces gens qui depuis quarante ans ont décidé notre mort, qui détestent la France et nous crucifient de leur morale et de leur mépris, et nous avons honte de ne pas leur avoir botter le cul plus tôt et je suis généreuse !