L’étrange période que nous avons vécue depuis le résultat de l’élection présidentielle s’est terminée en ce dimanche 19 juin, à 20 heures. La tactique élyséenne consistait à faire une campagne minimaliste assortie dans les derniers jours d’une imagerie de grand voyageur international. Ce fut un ratage complet.

Le projet de Conseil national de la refondation (CNR) a été pris pour ce qu’il était : une humiliation pour le Parlement, une insulte à la mémoire du Conseil national de la Résistance. Le voyage à Kiev n’a pas suscité l’admiration, malgré les efforts médiatiques déployés. Beaucoup se sont souvenus, en revanche, des annonces présidentielles sur la réforme des retraites et des infimes compensations à la hausse des prix offertes ou annoncées par la “gouvernance” macronienne. Quant à celle-ci, que de temps perdu, en raison des refus signifiés par plusieurs femmes pressenties pour Matignon. L’inexistence d’Elisabeth Borne tient à son statut de Premier ministre par défaut.

La sanction du 19 juin porte sur ces erreurs, ces fautes et cette longue hésitation mais surtout sur le bilan du précédent quinquennat, véritable cause de l’ampleur du vote protestataire de droite et de gauche. Élu par rejet de Marine Le Pen en avril, Emmanuel Macron subit au soir du second tour des élections législatives une redoutable défaite, qui emporte deux de ses lieutenants. Dans le total mépris de sa fonction arbitrale, il voulait être tout à la fois le chef de gouvernement et le chef de parti qu’il fut pendant son premier quinquennat. Privé de la majorité absolue, son parti va devoir composer avec d’autres factions oligarchiques. Et le gouvernement qu’il va devoir réorganiser sera obligé de naviguer entre divers écueils, dans un contexte national et international tendu, sans pouvoir toujours compter sur l’appui des groupes qui composent la majorité présidentielle.

La défaite d’Emmanuel Macron est une bonne nouvelle pour les institutions de la Ve République. La forte présence de plusieurs groupes d’opposition, à droite et à gauche, va entraîner la renaissance du Parlement, d’autant plus nette que la dialectique propre à l’Assemblée nationale va se développer dans une relation nouvelle avec le Sénat, où l’opposition au président de la République est majoritaire. Au Palais-Bourbon, l’issue des débats sera d’autant moins prévisible que le parti présidentiel n’est pas homogène puisque la coalition Ensemble comprend deux groupes – le Modem autour de François Bayrou et Horizons lancé par Edouard Philippe – qui seront fortement tenté par le soutien conditionnel, autrement dit par le chantage.

L’aile gauche de l’Assemblée est encore plus composite. Jean-Luc Mélenchon a perdu son pari halluciné de la victoire indiscutable d’un cartel électoral qui est tout le contraire d’un bloc politique : unis pour la conquête des sièges et l’obtention des financements alloués aux partis, les Verts, les socialistes, les communistes et l’équipe de la France insoumise ont plus de motifs de division que d’alliance – et le chef de la manœuvre n’a pas daigné se présenter aux législatives.

Le Rassemblement national est au contraire un parti uni autour d’une présidente qui a réussi une belle réélection ; il devrait agir de manière d’autant plus disciplinée qu’il est en phase d’expansion. Avec un mode de scrutin défavorable, sans bénéficier d’alliances, le parti de Marine Le Pen a obtenu des résultats improbables – notamment parce que de nombreux électeurs de gauche ont préféré le candidat du Rassemblement national à celui soutenu par Emmanuel Macron. Au-delà des choix tactiques, le succès est stratégique. Alors qu’Éric Zemmour tentait d’entraîner les Français vers l’affrontement ethnique, Marine Le Pen se portait sur le terrain du pouvoir d’achat. Son groupe parlementaire est loin d’être l’exact reflet des suffrages obtenus à la présidentielle mais sa forte existence compense quelque peu l’injustice du mode de scrutin.

Il n’est pas possible de voir dans les résultats de l’élection présidentielle et des élections législatives l’expression d’un affrontement entre le bloc élitaire et un bloc populaire qui est nettement divisé entre une droite disposant d’un large soutien populaire et une gauche portée par une fraction des classes moyennes. Mais la bataille politique est aujourd’hui inscrite dans une lutte de classes qui va se durcir dans les prochains mois et qui pourrait mobiliser, hors du champ parlementaire, les Français de métropole et des collectivités d’outre-mer qui se sont massivement abstenus.

Au soir du 19 juin, les commentaires médiatiques proliféraient dans l’ignorance volontaire des conséquences de la guerre russo-ukrainienne et des secousses monétaires et financières qui ébranlent plusieurs économies européennes. Après avoir subi les effets désastreux de l’austérité et la déflation salariale que provoque l’euro, les classes moyennes et populaires vont subir en même temps les conséquences de l’inflation et des mesures de lutte contre l’inflation puisque celles-ci sont avant tout destinées à protéger la sphère financière. Toutes les forces politiques en seront durement affectées.

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Editorial du numéro 1237 de « Royaliste » – 20 juin 2022

COMMUNIQUE DU COMITE DIRECTEUR DE LA NOUVELLE ACTION ROYALISTE

Pour la souveraineté monétaire

Emmanuel Macron a inscrit “l’indépendance” dans ses objectifs.

Il fait semblant d’oublier que, selon la Constitution, l’indépendance nationale est une obligation impérieuse pour le président de la République.

Il fait semblant d’oublier que ses prédécesseurs ont consenti des abandons de souveraineté dans le domaine du commerce extérieur, de la politique industrielle, de la monnaie, du budget…

Ces abandons ont eu des conséquences désastreuses pour la nation française. Les classes moyennes et populaires vont à nouveau subir les effets de décisions prises à l’extérieur de notre pays.

Confrontée à une vague inflationniste qu’elle n’avait pas prévue, la Banque centrale européenne a décidé de relever ses taux d’intérêt. Cet organe, qui n’est inscrit dans aucune procédure de contrôle démocratique, ne prend pas ses décisions au vu des intérêts, d’ailleurs divergents, des pays de la zone euro. Elle réagit aux mesures prises par la Réserve fédérale américaine et aux poussées spéculatives, avec pour premier objectif de préserver les intérêts des détenteurs de capitaux. En relevant ses taux d’intérêt, elle prend le risque de ralentir l’activité économique et d’augmenter le chômage sans briser une inflation largement provoquée par la hausse du prix des matières premières.

La Nouvelle Action royaliste appelle les partis d’opposition à dénoncer la soumission de la France à la Banque centrale européenne et à militer pour le retour à une politique de souveraineté qui doit viser en priorité la monnaie.

 

 

 

 

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5 Commentaires

  1. Wenzel Eric

    Bonjour,

    Analyse fort juste, mais qui invite à une question : ne peut-on craindre que le gouvernement ne légifère encore plus par voie d’ordonnances, gommant davantage encore une séparation des pouvoirs déjà bien théorique ?

  2. RR

    Le « R » »N » n’est pas un parti politique comme les autres. C’est une secte au service exclusif d’une famille: Les Le Pen.

    Si la commission des finances était finalement confiée au groupe présidé par Marine Le Pen, ce serait une véritable infamie. N’oublions pas que cette dernière est en effet toujours mise en examen pour détournements de fonds publics; entre autres « affaires ».

    • Boldini Giovanni

      Et la NAR est une secte au service de la famille de France dans ce cas ! Le RN est le seul parti politique républicain à promouvoir les mêmes principes d’unité et d’indépendance nationale que les partis politiques royalistes qui, soit dit au passage, ne concourent jamais à aucun scrutin, pas même au plus accessible d’entre eux, les européennes voire les régionales. A quand une alliance NAR AF AR pour peser ? Une mise en examen ne signifie pas une culpabilité il me semble ! Ce parti a toujours été vilipendé à tort, comme le sont d’ailleurs tous les royalistes français. Beaucoup de royalistes œuvrent au sein du RN du fait de la carence des partis comme le vôtre. Bougez-vous dans les urnes plutôt que d’attendre que le pouvoir ne vous tombe tout cuit dans le bec ! Vive le Roi Jean IV et en attendant votre bon vouloir démocratique, vive le RN !

  3. Jean Paul B.

    Bonjour,
    le Parlement est une chambre dont le seul pouvoir consiste à traduire dans le droit français les directives européennes. Il serait temps que les citoyens réalisent que la Souveraineté Nationale a été bradée par les gouvernements successifs de gauche et de droite qu’ils ont élus depuis au moins le Traité de Maastricht.
    La Commission de Bruxelles, la BCE et autres organismes supra-nationaux peuvent ainsi nous contraindre au nom des pouvoirs que nous leur avons concédés.
    Tout le reste n’est que propos d’estrade pour berner les gogos!

  4. RR

    Tiens donc, même ici les tapins du « R » »N » rappliquent et osent faire un parallèle entre la famille de France et le clan Le Pen.
    Effectivement, les royalistes sauf exception (afin de mieux se faire connaitre comme en 1974 avec la candidature de Bertrand Renouvin) ne présentent pas de candidats aux élections. Ils existent pour mieux faire connaitre l’alternative royale, la rendre populaire.
    La NAR (tout comme l’AF-Restauration nationale) à la différence du « R » »N » n’a pas fait fortune. Aucun de ses dirigeants ne s’est enrichi, elle n’est pas endettée. Aucun de ses dirigeants n’est mis en examen (notez que si j’écris ici en anonyme sous pseudo – pour des raisons évidentes, j’ai tenu les mêmes propos lors d’un Mercredi de la NAR ). Je ne partage pas toutes les idées de la NAR ni celles de l’AF-Restauration nationale, en premier je suis sceptique sur le retour de la monarchie, mais je respecte la famille de France; c’est une famille qui sert son pays, et cela depuis toujours et jusqu’à aujourd’hui.
    Les Le Pen ne sont que des parasites, des profiteurs de la politique, incapables d’autre chose (Marine Le Pen est une avocate ratée ne l’oublions pas), bref, des nuisibles., et bien entendu ont un complexe de supériorité comme tous les minables.
    je crois que la cause est entendue.