Violences urbaines

Mai 20, 2016 | la lutte des classes

Mots clefs : Black Bloc | CRS | loi El Khomri

Des groupes violents accompagnent les manifestations contre la loi El Khomri, agressent les forces de police, caillassent les vitrines de banques, saccagent des magasins. Pourquoi font-ils ça ? Les laisse-t-on vraiment faire ? Pour quelles conséquences ?

A chaque situation politique, son type de manifestation. Après la guerre, les manifestations de 1947 avaient pris parfois un tour insurrectionnel et il avait fallu faire appel à l’armée. Les manifestations de la guerre d’Algérie étaient celle d’une guerre civile de basse intensité en métropole (les morts du métro Charonne) et de haute intensité en Algérie (la fusillade de la rue de l’Isly). Les manifestations de 1968 exprimaient une violence de masse chez les étudiants intriquée à la violence policière. La mort de Malik Oussekine en 1986, témoignait d’un emploi excessif des forces de police dans une situation tendue. Les protestations contre le contrat-jeune en 1944, contre le CPE et 2007 et contre la réforme des retraites en 2010 étaient à la fois massives et calmes.

C’est la manifestation strasbourgeoise contre l’OTAN, lors du sommet de 2008, qui marque l’entrée en scène spectaculaire du Black Block qui mène une longue guérilla dans la banlieue de Strasbourg et qui incendie le poste de police franco-allemand. On parle de casseurs mais il s’agit de groupes autonomes, très entraînés, qui expriment leurs convictions anarchistes en attaquant physiquement tous ceux qui représentent l’autorité, les banques et des bâtiments publics.

Ces groupes autonomes sont présents et agissants dans toutes les manifestations contre la loi El Khomri et ils utilisent une violence croissante qui prend pour argument les excès commis par certains policiers et transformés en Violence policière. Ces groupes sont classiquement accusés d’être manipulés, grâce aux policiers infiltrés dans leurs rangs. Cela peut arriver, mais depuis trois moins le gouvernement semble vouloir favoriser, par les consignes de modération qu’il donne, un épuisement du mouvement. Il est clair que cette stratégie est un échec à Pa ris comme dans plusieurs métropoles régionales – Rennes et Nantes tout particulièrement.

D’où une question : pourquoi les unités de CRS et de gendarmes mobiles n’arrivent pas à repérer, contenir et neutraliser les « autonomes » ? Deux failles doivent être signalées : le dispositif policier est imposant, théoriquement dissuasif mais très lent à manœuvrer à cause de la longueur de la chaîne d’information qui remonte vers un préfet qui tarde parfois à prendre des décisions difficiles ; par ailleurs, les confédérations syndicales et les syndicats étudiants ne disposent plus des services d’ordre imposants qui permettaient autrefois de tenir à distance les provocateurs.

Résultat : alors qu’il n’y a pas de violence de masse dans les manifestations contre la loi travail, les manifestants pris dans les affrontements que les autorités ne savent pas éviter s’énervent et s’en prennent à la police. La tactique des groupes autonomes a créé une opposition entre policiers et manifestants qui est en train de se durcir – alors qu’il aurait fallu rallier les fonctionnaires de police au mouvement.  Aux syndicats de trouver la parade !

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Article publié dans le numéro 1101 de « Royaliste » – 20 mai 2016

 

 

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