Aux adhérents et aux sympathisants de la Nouvelle Action royaliste, nous conseillons de voter blanc. Telle est la décision prise lors de notre 26ème congrès. Elle a été votée à l’unanimité. Elle a été unanimement prise à regret pour une triple raison :

– notre vocation est militante, notre volonté constante est d’exprimer nos convictions dans des engagements, nous n’avons jamais répugné aux alliances, même lorsqu’elles présentaient des risques certains.

– le vote blanc, distinct de l’abstention, hautement significatif de la déception momentanée d’électeurs qui prennent une décision politique, n’est pas comptabilisé en tant que tel. Nous protestons contre cette élimination arbitraire.

– nous avions espéré que Nicolas Dupont-Aignan réunirait les indispensables signatures. L’alliance avec les mouvements gaullistes est traditionnelle dans notre mouvement, qui se réfère au général de Gaulle et à l’idéal de la Résistance. Malgré plusieurs désaccords, nous aurions soutenu activement la candidature d’un homme qui a fait comme nous campagne pour le Non au « traité constitutionnel » et qui propose, pour la France et pour l’Europe, des solutions voisines des nôtres dans le domaine de la défense, de la monnaie et du commerce entre les nations. Comme tant d’autres électeurs potentiels de Nicolas Dupont-Aignan, nous serons privés de ce choix le 22 avril. Aucun autre n’est possible pour notre mouvement.

Certes, beaucoup d’électeurs veulent exprimer au premier tour un vote de rejet ou de pure provocation. C’est compréhensible : les Français forment un peuple politique, toujours passionnés lorsqu’ils sont appelés à faire un choix qui engage l’ensemble de la nation – lors des référendums sur l’Union européenne, lors de l’élection du président de la République. Cette année encore, l’attente de solutions politiques est immense mais des millions de citoyens resteront dans l’hésitation jusqu’au jour du scrutin : il y a eu par le passé trop de déceptions et la tonalité de la propagande des principaux candidats fait craindre de nouvelles désillusions.

Les militants de la Nouvelle Action royaliste vivent dans l’impatience d’une révolution démocratique et sociale organisée par un pouvoir politique légitime. Année après année, ils en précisent les modalités. Leur colère a été attisée par l’attitude de la classe politico-médiatique, qui n’a pas reconnu le choix exprimé par le peuple français en mai 2005 et qui tente depuis de l’effacer par diverses manœuvres.

Ce déni de démocratie pourrait nous conduire à préconiser telle ou telle forme de vote protestataire. Ce choix, concevable pour un individu, est exclu pour notre organisation qui ne jouit plus que d’une seule liberté : celle, essentielle, d’exprimer pleinement ses convictions.

Nous ne pouvons appeler à voter pour Jean-Marie Le Pen, démagogue subtil qui entraîne la droite et la gauche à pratiquer, ouvertement ou dans l’hypocrisie, une xénophobie étrangère à la tradition nationale et aux intérêts actuels de la France.

Nous ne pouvons appeler à voter pour François Bayrou : en prenant la défense de l’euro fort, ce fédéraliste européen a montré qu’il demeurait parfaitement aligné sur la Commission et sur la Banque centrale européenne ; dans le jeu politique français, il ne représente pas une « troisième voie » libératrice, mais un arrangement possible au sein de l’oligarchie.

Nous ne pouvons appeler à voter pour un candidat de l’extrême gauche : à quoi bon encourager la direction du Parti communiste, qui devra pour survivre s’allier avec une social-démocratie qui accepte les prescriptions ultralibérales. Les utopies régressives des Verts, des altermondialistes et des trotskystes, ennemis jurés de l’Etat et de la nation, ne sont pas acceptables – même dans le court moment d’un scrutin.

Enfin, nous dénonçons depuis trop longtemps les oligarques de droite et de gauche pour qu’il soit besoin d’exposer à nouveau les raisons de notre hostilité à Nicolas Sarkozy et à Ségolène Royal – non pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils représentent : un système social et des ambitions personnelles qui sont camouflés, comme au temps de Jacques Chirac et de Lionel Jospin, par le travail d’image et les effets d’annonce.

Nous votons blanc, dans l’espoir de participer aux prochaines batailles.

 

Le Comité directeur de la Nouvelle Action royaliste.

 

Déclaration publiée dans le numéro 902 de « Royaliste » – 19 avril 2007

 

 

 

 

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