Chronique 28 : Une confédération républicaine ?

Août 9, 2010 | Chronique politique, Res Publica | 7 commentaires

La raison de l’offensive xénophobe des sarkozystes ? La peur. La peur de perdre la prochaine élection présidentielle, que la droite tente de conjurer en utilisant les recettes sécuritaires et discriminantes de la campagne de 2007. A la liste habituelle des boucs émissaires, on a ajouté les Tsiganes pour la première fois depuis l’Occupation… Bien entendu, les nouvelles dispositions répressives seront censurées par le Conseil Constitutionnel tant elles sont contraires aux principes fondamentaux de notre droit. Mais les sarkozystes pourront se dire qu’ils ont repris l’avantage pendant quelques semaines.

Cette manœuvre ne suffira pas à dissiper les frayeurs. Je ne suis pas le seul à avoir souligné l’importance de l’article publié dans « Le Monde » par Dominique Reynié. Ce politologue proche de la majorité rappelle que celle-ci a perdu près d’un millier de positions locales et annonce que les prochaines élections cantonales « prolongeront le supplice de la droite ». La gauche pourrait conquérir le Sénat en 2011 et elle a de bonnes chances de remporter la présidentielle. Or, selon Dominique Reynié, l’UMP ne pourra pas retrouver des forces dans l’opposition car ce parti subira durement la concurrence du Front national : « Une dislocation sans précédent de la droite de gouvernement, dans un contexte de crise exaspérant l’opinion, offrirait au FN et à sa nouvelle patronne l’opportunité inédite, et rêvée, d’accueillir une flopée d’électeurs exaspérés, de sympathisants découragés, de militants humiliés et de nombreux élus sonnés, enfonçant plus encore la droite de gouvernement dans des difficultés qui pourraient devenir insurmontables pour longtemps, car la concurrence du Front national limitera fortement, voire interdira le retour du balancier en faveur de l’UMP. »

Le retour triomphal du Front national, bientôt présidé par Marine Le Pen, est en effet un risque à prendre d’autant plus au sérieux que la future présidente est en train de se dégager de l’extrême droite : elle appartient à une génération qui n’a pas connu les rescapés de la Collaboration et qui est aussi étrangère à l’intégrisme catholique qu’au paganisme néonazi. Telle que Philippe Cohen la décrit dans Marianne, c’est une jeune femme à l’aise dans son époque, qui cherche des idées nouvelles et qui développe une thématique anti-oligarchique et protectionniste très appréciée dans les classes moyennes et populaires. Favorable au droit du sang (au mépris de la tradition nationale), elle est en mesure de récupérer la propagande xénophobe d’un gouvernement incapable de lutter contre l’insécurité.

La menace frontiste ne concerne pas seulement la droite. Marine Le Pen peut prendre des électeurs au Parti communiste, à l’extrême gauche et aux « souverainistes » en récupérant les thèses des économistes hétérodoxes qui dénoncent le carcan de l’euro et les conséquences catastrophiques du libre-échange.

Cela fait plus d’un an que nous sommes quelques-uns à nous inquiéter de cette perspective et il est bon que le scénario noir d’une percée nationaliste soit publiquement examiné. Sur son blog Horizons, Xavier Malakine ouvre un débat capital pour l’avenir du courant souverainiste et national-républicain. Face à la percée probable de Marine Le Pen, explique-t-il, trois tactiques sont possibles :

1/ L’opposition radicale au Front national par la multiplication de candidatures souverainistes qui permettraient de disperser les voix de l’électorat tenté par les formules musclées du nationalisme de droite. L’UMP pourrait encourager cette manœuvre qui profiterait à son candidat.

2/ Voir en Marine Le Pen « une représentante légitime de la famille républicaine et une héritière du gaullisme » – ce que la future présidente du Front cherche à devenir puisqu’elle souhaite que son parti se désigne comme républicain. Mais Xavier Malakine souligne avec raison qu’une telle attitude provoquerait la division du camp souverainiste – déjà fort désuni.

3/ Reste une troisième possibilité, qui a la préférence de Xavier Malakine : « elle serait une version inversée de la seconde, où l’initiative du rassemblement serait prise par la famille républicaine, préalablement unifiée et organisée. Les républicains pourraient en effet prendre Marine Le Pen au mot et lui proposer d’intégrer pleinement et officiellement l’arc républicain, éventuellement sous certaines conditions. Il s’agirait alors d’organiser la famille souverainiste dans une forme de confédération, où chacun conserverait son identité et sa sensibilité tout en évitant une concurrence frontale et stérile entre les différentes branches de la famille. » S’ensuit une longue réflexion sur la manière de dépasser les querelles de personnes et d’organisations, au terme de laquelle Xavier Malakine propose de renoncer au mythe de l’homme providentiel « pour renouer avec l’esprit initial de la Vème (de 58 et non de 62) en présentant une personnalité capable d’incarner la Nation, de rassurer l’opinion française comme internationale et de garantir que la transition sera conduite avec professionnalisme et sens de l’Etat. Cette autorité morale, ce président à l’Allemande pourrait être un politique en fin de carrière, un économiste chevronné, un haut fonctionnaire à la retraite, un ancien diplomate, un intellectuel reconnu, voire pourquoi pas, d’un héritier de la famille royale ou impériale ! ».

Cette perspective est très intéressante et je souhaite vivement qu’une réflexion s’engage sur le choix d’une personnalité nationale, indépendante des partis et de l’oligarchie. Les exemples de pays voisins (l’Espagne, la Grande-Bretagne) seraient à cet égard utiles à méditer. Cela dit, je crains que l’intégration de Marine Le Pen dans « l’arc républicain » ne soit une décision purement formelle car la future présidente du Front national est en position de force – une force écrasante qui va lui permettre de mener une stratégie conquérante sans avoir besoin de faire de compromis. A ses interlocuteurs souverainistes, elle ne laissera d’autre choix que le ralliement ou la marginalisation.

Pour nous, la soumission à la représentante du nationalisme de droite est inacceptable à tous points de vue : doctrinal, stratégique, tactique. Lesquels doivent demeurer indissolublement liés. Laissons aux petits mufles réalistes et aux héritiers de Brasillach les grandes déclarations et les petits arrangements qui leur permettront d’obtenir un siège aux régionales… ou au Parlement européen.

Pour éviter la récupération, Xavier Malakine préconise la création d’une confédération réunissant tous les groupes gaullistes, souverainistes, républicains de gauche et la Nouvelle Action royaliste. Cette proposition sera accueillie favorablement par mes camarades royalistes car notre mouvement a toujours recherché l’alliance avec les gaullistes authentiques et a participé activement à la campagne du Pôle républicain en 2002. Quant au projet de confédération, nous n’avons aucune revendication à formuler, aucune candidature à présenter. Pour que la Nouvelle Action royaliste adhère effectivement au projet de Xavier Malakine, il faut que deux conditions soient réunies :

a)les groupes gaullistes et souverainistes doivent démontrer leur volonté unitaire afin de donner consistance à l’idée de confédération. La Nouvelle Action royaliste n’a pas à intervenir dans ce processus ;

b)tous les groupes intéressés par le projet national-républicain ont à se mettre d’accord sur un programme de reconstruction qui devrait recevoir le soutien de la gauche patriote. Jacques Sapir a publié les premiers éléments de ce programme en vue d’une discussion qui tarde alors qu’il serait d’ores et déjà possible d’argumenter victorieusement contre les oligarques de droite et de gauche et contre Marine Le Pen.

Que l’on ne perde plus de temps !

 

 

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7 Commentaires

  1. rumin

    L’union des républicains de droite et de gauche dans un nouveau « parti des politiques », voilà une orientation souhaitée depuis de très nombreuses années par les royalistes de la NAR, mais comment faire accepter à la gauche patriotique qu’elle s’allie avec les gaullistes et les souverainistes ? Par quels moyens poser les conditions d’un franc dialogue, organisé en bonne intelligence, et qui permette de savoir au fond très exactement ce qui empêcherait une telle alliance ?

  2. Algor

    Bertrand Renouvin, de la Nouvelle Action Royaliste, appelle à la constitution d’une confédération républicaine ?
    Schizophrénie!
    Et pourquoi pas un barrage a l’islam, a l’immigration, au chômage, a la pauvreté, a l’insécurité, a l’extrême gauche, a l’anti France,etc, etc…
    Vous voulez simplement bâillonner le peuple en étranglant la démocratie, vous êtes des fascistes.
    Surtout que La confédération anti FN existe depuis 40 ans: ça s’appelle l’UMPS
    Les vrais gaullistes seraient pour la sortie de l’Otan, contre l’immigration de peuplement, les vrais gaullistes sont avant tout des patriotes, vous n’êtes que des collabos qui avez trouvé un but à vos misérables vies, faire semblant.
    C’est pathétique.
    Bon ramadan Bertrand Renouvin

  3. François

    Effectivement les propositions de Malakine, et celles que Bertrand Renouvin précise pour les royalistes de la NAR, representent une perspective tes interessante : enfin un objectif commun pourrait être défini clairement pour tous ces groupes avec lesquels nous avons des valeurs en partage ! Cela dit il faudra être vigilant sur ces « valeurs en partage » avec les partenaires. Nous pouvons très bien nous mettre d’accord sur un projet commun, à condition que nous ayons tous un « fonds philosophique » commun. Comme le dit Bertrand Renouvin, pas d’accord possible avec la mouvance du Front National, pour raisons encore plus doctrinales que strategiques.
    En ce moment par exemple, on parle beaucoup de l’opportunisme de Sarkozy à propos des décisions sécuritaires contre les gens du voyage. J.F. Kahn en fait un long article dans Marianne sur le « voyou » qui n’aurait ni programme, ni morale ni idées autres que de rester au pouvoir. La NAR a démontré plusieurs fois que cette analyse finalement assez gentille était erronée et que Sarkozy est réellement mené par quelques idées fortes, dont le « darwinisme social » était la base. On retrouve très précisément ces concepts dans ses nouvelles propositions de loi: les ROM, les gitans, les parents de délinquants, tout cela se retrouve dans ses définitions des causes « naturelles » de la délinquance, et ne peut manquer d’aboutir au racisme le plus caricatural. On ne peut l’accepter de personne, alors que c’est complètement en accord avec une bonne partie de la doctrine des Le Pen et de certaines composantes souverainistes. Cette doctrine eugéniste nous est absolument étrangère et nous ne pouvons collaborer avec personne s’il faut ne serait-ce que passer sous silence ces idées nauséabondes. On ne peut en aucun cas avoir quoi que ce soit de commun avec cette droite-là, qu’elle soit souverainiste ou pas.

    Mais une fois ce préalable bien établi, et si l’on peut avoir la certitude que nos compagnons de route soient étrangers à cette mouvance, oui, bien sûr, il faut y aller, sans restriction mentale !

  4. goldorak

    si vous faites barrage a l islam je vote pour vous de suite.

    parce que monsieur le royaliste l ennemie ca n est pas le fn mais l islam

    franchement ca me laisse sans voix qu un royaliste par essence catho et grenouille de bénitier puisse se mettre a quatre patte devant l islam,hallucinant!!!

    j espère que vos ancêtres ne vous voient pas

  5. tintouin72

    Tiens il a viré mon commentaire, il censure le démocrate, non suis-je bête ?, le royaliste républicain anti-démocrate qui ne supporte pas la contradiction.

    Minable petit néo-royaliste, parrainé par Mitterrand qui lui assurât 24 ans au chaud au Conseil économique et social avec un traitement net mensuel de 3300 €. Payé à rien foutre !!!

    Vous ne gardez que les commentaires qui vous brosse dans le sens du poil, ça racle vraiment les fonds de tiroirs!

  6. Coriandre

    Évidemment moi aussi je vais voter Marine Le Pen. Je dis « évidemment » car c’est la réalité qui m’y pousse de manière évidente.

    Il me semble que vous devriez méditer sur cette notion de réalité. Quand la réalité des comportements, des délits, des crimes nous poussent à nous interroger sur des populations immigrées du sud ou nomades, vous n’y voyez vous, à cause de vos lunettes idéologiques, que du « bouc émissaire » et donc que de l’innocence, de la victime, de l’injustice. Par ce mot « bouc émissaire », vous rabaissez le juif, l’historique bouc émissaire du nazisme, au braqueur de casino ou au cambrioleur de villa.
    Vous ne rendez service à personne avec ce genre de vocabulaire.

  7. CRIBIER

    L’idée d’une confédération réunissant tous les groupes gaullistes,
    souverainistes, républicains de gauche et la Nouvelle Action
    royaliste, sur la base d’un projet politique commun qui reste à
    établir, est un voeu pieux, partagé cependant, par de nombreux
    militants, qui constatent chaque jour, les nombreuses positions et
    idées communes de ces différentes familles politiques.

    Hélas, il semble que ce souhait sincère, soit compromis par, d’une
    part, le sectarisme infondé existant chez certains responsables
    politiques de la gauche républicaine, et notamment, vis à vis des
    royalistes de la N.A.R.,et d’autre part, par un attentisme ou une
    absence de volonté des souverainistes et gaullistes à prendre une
    telle initiative, qui, sans même parler de se fédérer,
    consisterait à ouvrir un dialogue et des rencontres suivies pour
    travailler à cet objectif.

    A moins que la Nouvelle Action Royaliste, compte-tenu de sa
    position particulière sur l’échiquier politique engage cette
    démarche, pour connaître réellement la volonté effective des uns
    et des autres.