Plus de 52% des électeurs inscrits se sont abstenus lors du premier tour des élections législatives. Parmi eux, 70% des citoyens de moins de 35 ans. Cette abstention en nette progression fait l’objet de commentaires inquiets, qui cèderont vite devant d’autres préoccupations quand la période électorale sera terminée.

Il faudra cependant continuer de s’interroger sur les causes du phénomène. Elles sont nombreuses et complexes et je ne saurais toutes les énumérer ici, mais il me semble nécessaire de souligner deux points majeurs. L’un porte sur la manière dont les fonctions constitutionnelles sont présentées et vécues. L’autre concerne l’orientation du débat politique.

Nous vivons une période de grande confusion institutionnelle. A cause du renouvellement quinquennal, la fonction présidentielle a disparu. Celui qui vient d’être élu au suffrage universel ne cherche pas à exercer sa fonction arbitrale ni à défendre l’indépendance nationale et il est en train de détruire la fonction publique qui assure la continuité de l’Etat. On vote théoriquement pour un chef d’Etat, pratiquement pour un Premier ministre qui n’hésite pas à occuper d’autres fonctions ministérielles et qui, de surcroît, se comporte en chef de parti.

C’est bien Emmanuel Macron qui a mené, dans la semaine qui a précédé le premier tour des élections législatives, la campagne nationale d’une formation créée il y a cinq ans pour asseoir son pouvoir personnel. Et c’est lui qui a lancé l’idée d’un Conseil national de la Refondation venant  disqualifier l’Assemblée nationale avant même que les Français aient choisi leurs députés.

Les commentateurs médiatiques acceptent cette confusion des pouvoirs, des fonctions et des rôles sans jamais s’inquiéter du caractère autocratique de cette “gouvernance”, qui défend manifestement les intérêts de la classe possédante. Dès lors, comment s’étonner du caractère massif du vote de rejet et du repli dans le vote blanc ou l’abstention ?

La confusion institutionnelle se double de l’éviction du débat sur la souveraineté. Après les élections de 2017, le Front national et la France insoumise ont très rapidement exclu de leurs rangs ceux qui dénonçaient l’euro et qui mettaient en cause l’Union européenne. On disserte aujourd’hui sur la restructuration de la vie politique française autour de trois blocs – libéral-progressiste macronien, social-écologiste mélenchonien et nationaliste lepéniste. Les oppositions sont fortes entre ces trois groupes qui représentent des intérêts sociaux distincts ou opposés. Mais le bloc élitaire macronien, le cartel des gauches et le Rassemblement national s’accordent implicitement pour écarter toute mise en cause radicale des organes de l’Union européenne et du système de contrainte économique et sociale formé par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et l’Eurogroupe. Les nombreux citoyens qui établissent ou soupçonnent un lien direct entre la perte de puissance de la France, la destruction du modèle social français et les abandons de souveraineté consentis à l’Union européenne, ont tendance à se détourner des partis et des coalitions qui refusent de dénoncer l’ordre européiste établi.

De droite ou de gauche, la formation qui définira une politique de souveraineté inscrite dans le mouvement millénaire de notre histoire nationale fera, sans nul doute, une fulgurante percée…

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1 Commentaire

  1. Bertrand Renouvin

    DC me demande de publier le commentaire suivant :
    Cette formation qui définira une politique de souveraineté inscrite dans le mouvement millénaire de notre histoire nationale et fera, sans nul doute, une fulgurante percée…ne pourrait elle pas être celle qui s’est présentée rassemblant Debout la France, les Patriotes et génération Frexit ? Mais également la Nouvelle Action Royaliste ?
    Mais comment alors expliquer le score minimaliste de 1% recueilli par ladite liste ?
    La question centrale ne serait-elle pas aussi celle de la représentation ?
    Le système de représentation dans les démocraties européennes est essentiellement à la proportionnelle pour l’élection des chambres basses, la France fait exception. Ainsi, nos institutions privilégient la culture de la division frontale en politique, plutôt que celle du compromis quand celui-ci est possible, la culture des blocs plutôt que celle des alliances quand il est possible de dégager des majorités sur tel ou tel point. Cela peut aussi décourager les électeurs. En Europe, il est possible d’avoir une représentation à la proportionnelle sans nécessairement tomber dans l’instabilité politique type IVème République mais bien souvent grâce à la présence à la tête de l’Etat d’une permanence et d’un arbitre et particulièrement dans les monarchies parlementaires. Tout le contraire de ce qui se passe en France.