Le parti-croupion de l’oligarchie, qui ose s’intituler “Les Républicains”, a choisi Éric Ciotti comme président. L’homme passe pour un représentant de la droite dure. Avec Nicolas Sarkozy puis sans lui, il a pourtant accepté tous les reniements de ceux qui ont, sans vergogne, liquidé le gaullisme.

Quand on n’a pas d’idées, on brandit ses valeurs. Sans préciser qu’il s’agit des valeurs boursières car les principes de la République sont régulièrement piétinés par Les Républicains. La liberté, pour eux, c’est celle du renard libre dans le poulailler libre. L’égalité leur fait songer avec effroi à la Corée du Nord. Et ils vivent la fraternité à la manière des Tontons flingueurs.

Pudiquement désignée comme une élection interne, la séance de bourre-pif qui s’est terminée par la victoire aux points d’Éric le Niçois contre l’homme de l’ouest, Bruno Retailleau, n’est que le premier round de la compétition pour la présidentielle (1).

Bien sûr, le Niçois dit qu’il a le parti à sa pogne. Mais son incontestable victoire du 11 décembre (53,7% des suffrages) n’est pas triomphale et les candidats mis au tapis relèvent déjà la tête. Aurélien Pradié, le demi-sel battu au premier tour, se proclame faiseur de roitelet parce qu’il a invité ses partisans à voter pour Éric Ciotti. Bruno Retailleau reste maître de son bastion sénatorial et va continuer de peser dans la vie du parti.

Dans cette affaire, les chefs de clan ne travaillent pas pour eux. Le Niçois, qui fut longtemps Première gâchette (politique) chez Christian Estrosi avant de rouler pour Nicolas Sarkozy, proclame haut et fort son intention de faire désigner le président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes comme candidat à la présidentielle de 2027. Laurent Wauquiez est très populaire chez Les Républicains. L’homme, il est vrai, respire la sincérité mais retient longtemps son souffle. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des rivaux. Or il se trouve, comme par hasard, que Bruno Retailleau estime que la péniche LR doit laisser une passerelle à Xavier Bertrand, qui continue à s’agiter dans l’ombre et qui avait appelé à voter pour le Vendéen.

Il est donc hautement probable que les diplomates vont une fois de plus céder la place aux pugilistes, dans un scénario qui évoque les explications musclées entre Monsieur Fernand et les frères Volfoni, avec en arrière-plan Lulu la Nantaise (1) qui vise beaucoup gros que la petite taule qu’elle avait à Biên-Hoa, près de Saïgon. Et, encore plus loin, il y a l’ami Fritz qui veille au grain ; mais pour ça, rien à craindre, on a de la religion chez LR et, comme Valérie Pécresse naguère, le vainqueur du pugilat ira faire sa génuflexion à Berlin.

Bien entendu, toute cette chikaya n’aurait pas eu lieu si Nicolas Sarkozy était resté le patron de l’affaire mais le Vieux, après s’est fait dessouder aux primaires – politiquement s’entend ! – a choisi de jouer les utilités dans la macronie. Alors, comme dit Maître Folace, “le lion est mort, les chacals se disputent l’empire”.

L’empire – ou plutôt la principauté en perte de territoire et de population, sous l’égide de principicules d’opérette moldo-valaque. Tous font des phrases pour se déclarer gaullistes – et même gaulliste social comme Xavier Bertrand – alors qu’ils ont, sous l’égide de Nicolas Sarkozy, entériné le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan, la Révision générale des politiques publiques, la réforme Fillon des retraites, le traité de Lisbonne et le déni de démocratie qui l’a produit… Tous sont néolibéraux, avec des nuances, mais tous jouent et rejouent l’histoire du cave qui ne se rebiffe jamais.

Éric le Niçois est libéral-libéral avec un discours identitaire qui lui a fait préférer Zemmour à Macron. Bruno La Vendée est libéral-conservateur, avec clin d’œil en direction de l’électorat catholique. Les deux rivaux vont s’ingénier pendant quatre ans à pousser leurs pions mais le gagnant se heurtera toujours aux mêmes impasses.

La base électorale de LR est majoritairement formée par des retraités aisés, qui vivent entre Versailles et les stations balnéaires. Cette bourgeoisie conservatrice votera toujours pour n’importe quel candidat de droite, pourvu qu’il défende ses privilèges. Pour Emmanuel Macron hier, pour Edouard Philippe ou pour Bruno Le Maire demain.

Les rodomontades autoritaires du Niçois ne sauraient faire oublier que LR ne se distingue en rien de l’oligarchie politique : Les Républicains acceptent la tutelle de Bruxelles, Francfort, Berlin et Washington sans comprendre que la démondialisation est en cours et que le néolibéralisme est aussi dévalué que les organes de l’Union européenne. Ils sont aujourd’hui pris dans la tourmente qui bouscule la macronie et qui risque de porter Marine Le Pen au pouvoir. Ce n’est pas LR qui peut empêcher le Rassemblement national de dominer la droite à la manière de l’UMP naguère. A singer sa xénophobie tout en cautionnant des réformes anti-sociales, ils pourraient bien être les dindons de la farce.

“Enfin, comme le disait Maître Folace, on peut pas demander plus aux frères Volfoni qu’aux fils de Charlemagne” !

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(1) Par pure politesse, je ne donnerai pas le blaze De Lulu la Nantaise.

Article publié dans le numéro 1246 de « Royaliste » – 17 décembre 2022

 

 

 

 

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