L’Occident a disparu ! Chronique 85

Sep 2, 2013 | Chemins et distances | 4 commentaires

Que peut faire François Hollande en attendant le vote du Congrès américain, la décision du président des Etats-Unis et la mise en œuvre des plans d’attaque conçus par le Pentagone ? Je lui conseille de lancer quatre avis de disparition.

La Communauté internationale a disparu. A l’Elysée et dans les médias, on invoque une institution qui exprimerait les valeurs et les volontés communes à toutes les nations du monde, à l’exception de l’Etat-voyou de l’année, alors que seules la France, l’Arabie saoudite et la Turquie sont aujourd’hui prêtes à suivre les Etats-Unis. La « Communauté internationale » est une fiction à géométrie variable, une légende diplomatique aussi fiable qu’une légende urbaine.

L’Occident a disparu. Là encore, nous sommes dans le récit. Tantôt, l’Occident se prend pour la Communauté internationale, tantôt l’Occident se raconte qu’il est menacé – hier par le communisme, aujourd’hui par le terrorisme islamiste… ce qui ne l’empêche pas de favoriser les djihadistes qui opèrent en Syrie. On se souvient que la France gaullienne ne faisait pas partie de l’Occident et l’on a vu que Nicolas Sarkozy la faisait revenir dans une « famille occidentale » qui s’est beaucoup rétrécie au fil de l’affaire syrienne. Où est la Grande-Bretagne ? Où est le Canada ? Où est le Japon ? Quand le successeur de Kissinger décroche son téléphone pour rassembler la coalition punitive, personne ne lui répond à Londres, à Ottawa, à Tokyo. Bien entendu, l’Occident n’existe pas. Idéologie, volonté de puissance, moments d’impuissance – tout se joue, se noue et se dénoue à la Maison blanche.

 L’OTAN a disparu. Personne ne s’en inquiète mais la chose reparaîtra un jour ou l’autre si le président des Etats-Unis en voit la possibilité.

L’Union européenne a disparu. Pourtant, l’Union européenne a maintenant un numéro de téléphone, celui de la baronne Ashton of Upholland, qui est Haut Représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. C’est cet imposant personnage qui devait faire en sorte que l’Europe parle d’une seule voix et qui n’a jamais évité, en période de crise, la cacophonie. Quant à la coalition contre Damas, Londres fait défaut, et Berlin, Madrid, Rome, Athènes, Varsovie et Budapest ne veulent rien savoir.

Nous sommes à la fin d’un feu d’artifices. François Hollande ne s’en est pas aperçu.

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4 Commentaires

  1. OLIVIER COMTE

    L’ Occident devrait briller du feu de sa civilisation, formée
    par de nombreux combats, influencer par sa culture.
    Un Occident, posé sur des brindilles politiques et qui pratique l’ imprécation contre de vieilles civilisations et des jeunes Etats,
    ce faux Occident, sans notre génie commun, ne peut influencer
    aucun pays.

  2. Benoît dolle

    De renoncement en renoncement, désormais d’humiliation en humiliation, Francois Hollande poursuit le chemin de l’abandon national de ses prédécesseurs. Encore quelques pas de clerc du type de ceux dont nous avons été douloureusement témoins ces derniers jours, et c’en sera définitivement terminé de la voix d’un France libre, forte et indépendante dans le concert des nations. Et c’est malheureusement au compte de l’actuel chef de l’Etat qu’il faudra faire porter ce désastreux débit.

    Plus d’armée, plus de diplomatie : après tout, pourquoi pas puisqu’il ne s’agit plus d’affirmer l’indépendance nationale. Et demain, de ne plus la protéger ?

  3. bouillot

    Des fois on a des doutes sur l’intelligence de nos dirigeants.Comment peut-on s’engager dans des impasses pareilles?

    Je suis plus optimiste sur notre Occident, il a bien survécu depuis Homère et la réaction des peuples et des parlements anglais puis peut-être américain est rassurante.

  4. CRIBIER

    L’utopie pacifiste de gauche qui nie les rapports de force
    dans le monde, ou prétend vouloir les abolir, comme elle nie
    les Etats, les nations et la politique tout court, dans un
    idéal libertaire et internationaliste très teinté de  » ni Dieu,
    ni maître « , et au final très individualiste, semble être
    toujours le fond véritable de la pensée d’une certaine
    gauche moralisatrice mais complètement coupée des
    réalités.

    Comment en effet expliquer que des hommes politiques tel
    Noël Mamère que l’on percevrait plutôt comme un doux
    pacifiste, soit un virulent va-t-en guerre dans le dossier
    syrien ?

    Aussi, le Président de la République n’est-il pas lui-même
    entrain de se laisser aller à cette bonne conscience BOBO,
    qui n’est pas du tout à la hauteur de ce que l’on attend de
    la France dans le contexte actuel, d’autant que
    diplomatiquement nous apparaissons, sans le vouloir, le
    nouveau caniche des américains.