Grosse colère d’Emmanuel Macron, nous dévoile Le Canard Enchaîné, à la lecture du JDD du 9 mai titrant« Écologie : Macron enterre le référendum ». Colère : il s’agit bien de la dernière arme du menteur qui, sautant d’annonces irréalistes en promesses intenable, finit par être rattrapé par la réalité, et tente de se défausser de ses mensonges sur l’air connu de « c’est pas moi, c’est les autres ». Après la trahison de ses engagements « verts » et la démission de Nicolas Hulot, puis la décision de lancer une taxe gazole « écologique » provoquant la crise des Gilets jaunes, suivie de la création d’une Convention Citoyenne pour le Climat dont les propositions « transmises sans filtre » se sont perdues en chemin pour plus des deux-tiers, voici que la promesse d’un référendum sur « le crime d’écocide » s’est, elle aussi, heurtée aux faits : c’est le Congrès qui entérine un référendum, pas le président. Comme toujours, tôt ou tard, le piège se referme sur le menteur. Un piège à deux mâchoires.
La première est politique. Le président de la Ve République dispose de deux armes puissantes pour pouvoir agir en cas de crise : la dissolution du Parlement et le référendum. Armes puissantes, qui, en effet, permettent de sortir de situations graves (comme lors des référendums de 1958 et 1962, et de la dissolution de 1969) mais avec lesquelles il ne faut pas jouer : elles sont à double tranchant. En 1969 le général de Gaulle a voulu le faire et il a perdu ; au moins en a-t-il accepté les conséquences en démissionnant. Ceux qui ont voulu les utiliser à des fins politiciennes s’en sont mordu les doigts : les référendums sur le quinquennat en 2000 et la Constitution européenne en 2005 ne sont pas à l’honneur de Jacques Chirac, pas plus que sa dissolution de l’Assemblée en 1997. Macron le joueur, si sûr de son pouvoir de séduction, n’a pas retenu la leçon et le voici empêtré dans les conséquences de ses mensonges successifs et de ses propositions de plus en plus hasardeuses. C’est ballot, à un mois des régionales et à un an des présidentielles !
La deuxième mâchoire est écologique. La question de la signification du concept de « crime écologique » reste posée, dans un monde politique qui n’a pas la moindre idée de ce qu’est un écosystème. En effet, qu’est-ce qu’un « écocide » ? D’après la Convention citoyenne pour le climat, « toute action ayant causé un dommage écologique grave en participant au dépassement manifeste et non négligeable des limites planétaires, commise en connaissance des conséquences qui allaient en résulter ». Or nous ignorons tout des limites planétaires, du moment où elles sont dépassées, de ce qu’est un dommage écologique et des moyens d’en évaluer les conséquences : le paysan beauceron, qui a systématiquement et définitivement détruit la forêt gauloise pour la transformer en terre à blé, est-il coupable d’écocide ? Sans aucun doute, avec cette définition. Car on confond encore une fois écosystème et environnement: l’écosystème ne peut être tué, il évolue en permanence sous la pression de conditions nouvelles, sans se soucier de son adéquation aux besoins de l’humanité. L’environnement, c’est autre chose. On pourrait le définir comme un écosystème domestiqué, transformé – mais pas détruit – par l’homme, pour lui permettre d’y mieux vivre. Il n’y a plus d’écosystème dans notre pays, il n’y a que des environnements : toute la nature a été transformée, domestiquée et adaptée à l’homme. C’est d’ailleurs de plus en plus le cas de l’écosystème mondial.
Ceci ne veut pas dire qu’il faille considérer toute action de l’homme sur cet environnement mondial comme acceptable : depuis un demi-siècle triomphe une idéologie productiviste, dérégulée, indifférente aux équilibres écologiques et aux conséquences futures de ses actions sur le milieu qu’elle détruit pour une rentabilité financière immédiate. Ses effets, les rejets de gaz à effet de serre, les atteintes à la biodiversité, les pollutions, sont catastrophiques, pas tant d’ailleurs pour l’écosystème que pour l’humanité : ils doivent être combattus. Ce qui implique des changements profonds dans le système économique mondial. Mais ce n’est pas une loi de plus, pratiquement inapplicable dans les faits, et quel que soit son nom, même le plus « communiquant », qui à elle seule pourra changer les choses : c’est une politique longue, difficile mais résolue, de régulation des activités socio-économiques du pays, avec un but clairement défini, impliquant toutes les composantes de nos actions sur l’environnement, et en se donnant les moyens de l’appliquer. Elle seule permettra de limiter les effets d’un ultra-libéralisme débridé et de choisir des options « écologiques », sans pour autant sombrer dans un totalitarisme vert ou un effondrement de notre économie. Alors oui, dans ce cas et dans ce cas seulement la condamnation des dommages volontaires sur l’environnement prendra tout son sens.
Mais de cette vision globale et coordonnée de notre politique environnementale, le gouvernement ne veut rien savoir. Alors il se contente de prendre des décisions qu’il sait – qu’il veut – inapplicables et des résolutions purement médiatiques. Nous n’avons pas fini de subir les postures « vertes » de notre tricheur national.
François GERLOTTO
Editorial publié dans le numéro 1212 de « Royaliste » – Mai 2021
Il ne faut pas oublier que c’est Nicolas Sarkozy qui a renié le referendum du 29 mai 2005 en ratifiant le traité de Lisbonne les 18 et 19 octobre 2007 . Ce fut un déni de démocratie . Ne pas tout mettre sur le dos de Jacques Chirac ! Amicalement .
Gilbert de Pusy La Fayette .