Les taux d’abstention aux élections semblent confirmer le désolant constat d’un désintérêt croissant des Français pour la politique. L’individualisme favoriserait le repli familial, amical ou communautaire, dans l’indifférence pour le sort commun.
Ce mouvement de retrait est une réalité observable mais il s’agit d’une prise de distances et non d’une sécession. Deux études récentes indiquent chez les Français une forte tendance à suspendre leur participation à la vie politique et à se détourner des médias parce que leurs exigences ont été déçues. Publiée par Le Figaro du 24 janvier, une enquête réalisée par le Cevipov (Sciences Po) montre que les Français n’ont jamais été aussi méfiants à l’égard de la politique alors qu’ils croient à la justice sociale, à la démocratie participative, à la nécessité des services publics et à l’autorité non moins nécessaire de l’État.
La même déception se lit dans l’étude annuelle sur la confiance dans les médias que publie La Croix du 21 janvier. Pour une très forte majorité de Français, l’existence d’une presse indépendante, diffusant une information de qualité, est indispensable au bon fonctionnement d’une démocratie qui requiert quant à elle des citoyens attentifs à l’actualité (1). Ce bel idéal d’une presse libre et assez intelligente pour susciter un intérêt soutenu est loin, très loin, des constats effectués par nos concitoyens : dans leur majorité, les Français se défient des médias et plus généralement de l’actualité qu’ils mettent en scène, surtout les plus jeunes – même si une forte minorité des 18-24 ans accorde du crédit à Internet. La politisation brutale des médias du groupe Bolloré est très mal ressentie, de même que l’extrême focalisation opérée sur Éric Zemmour puis sur la crise sanitaire – les excès complotistes ayant par ailleurs sapé la confiance dans les réseaux sociaux. La recherche d’audience au détriment de la qualité et de la variété de l’information est largement dénoncée.
La publication de ces deux enquêtes peut-elle bouleverser ou du moins modifier l’attitude des dirigeants politiques et de leurs conseillers, des patrons de médias et des directeurs de l’information ? Les partis politiques et les patrons de médias, qui consomment des sondages à outrance, ne semblent pas intéressés par la publication de ces enquêtes qui devraient les inquiéter au plus haut point : des électeurs, des lecteurs, des auditeurs, des téléspectateurs ont été perdus et d’autres sont manifestement en perdition !
On peut bien sûr supposer que les états-majors médiatiques et partisans vont multiplier les réunions afin de préparer des changements de grande ampleur dans la conception de la propagande politique et dans la présentation de l’information. Ce serait la moindre des choses, puisqu’il est de bon ton, dans les milieux dirigeants, d’invoquer la « disruption »… Cette prise de conscience n’aura pas lieu. Après le scandale des faux charniers de Timisoara, en janvier 1990, les responsables de la diffusion d’informations non vérifiées avaient juré qu’on ne verrait plus jamais ça. A cent reprises, nous avons pu constater que les promesses de retour à la rigueur professionnelle n’ont pas été tenues – la concurrence des chaînes télévisées d’information en continu n’ayant fait qu’aggraver la course à l’audience. Comparée aux quotidiens britanniques, allemands et italiens, notre presse écrite quotidienne reste quant à elle d’une insigne médiocrité malgré la présence, dans divers titres, de très remarquables journalistes.
Est-il besoin de préciser que l’atonie médiatique fait écho à la paralysie politique ? Tandis que les partis de gauche tentent de survivre dans leurs ruines, les candidats de droite fondent leur stratégie sur des réactions de rejet : Valérie Pécresse parie sur le rejet d’Emmanuel Macron, ce dernier compte sur le rejet de Marine Le Pen… Chacun vit sur sa rente, que ce soit “les retraités” ou “l’immigration” et le patronat médiatique obéit à sa manière à sa logique rentière : on fait du profit, on élargit son périmètre pour faire encore plus de profit mais, à l’exception de Vincent Bolloré, on se satisfait de « contenus » conformistes parce qu’on juge que le public est captif et qu’on fera toujours assez d’audience pour engranger de la recette publicitaire. Les économies porteront sur les enquêtes, les reportages et les salaires d’une main d’œuvre journalistique précarisée. Tant que ce système apporte de l’argent et de l’influence, il n’y a aucune raison de le changer – et surtout pas des raisons touchant à la démocratie, à la citoyenneté, à la rigueur de l’information !
Les patrons de médias télévisés devraient cependant prendre garde. Leur mépris pour les citoyens provoque depuis trois ans des manifestations publiques de colère et de haine. Les patrons de la presse écrite voient se développer un moderne et puissant samizdat qui, dans la jungle numérique, parvient à diffuser, partout et pour tous, des idées cohérentes et novatrices. Il y a ainsi, dans l’histoire, des révolutions qui ont commencé dans les souterrains.
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Editorial du numéro 1227 de « Royaliste » – 31 janvier 2022
*** désintérêt croissant des Français pour la politique. ***
C’est une apparence car l’intérêt demeure. C’est la lassitude de voter pour rien qui logiquement fait trouver d’autres manières de s’en préoccuper. Les bavardages électroniques par exemple mais pas seulement.
La conclusion le dit, il naît de partout des manières autres d’agir, de vivre, alternatives à la mercantilisation imbécile et à la robotisation de tout. La prédation des médias ET du pouvoir, détruisant les contre-pouvoirs suscite de nombreuses initiatives. Pour preuve de la prise de conscience des dominants de ce mouvement, sa répression, la surveillance totalitaire en marche que personne ne pourra nier.
Un appel ?
Un avertissement ?
Mais ces dominants seraient ils bêtes de ne pas voir ?
Non, ils sont tétanisés, coincés dans l’effondrement du Système capitaliste, englué dans ses contradictions et la terreur de la population parfaitement légitime à les virer, puisqu’ils ne peuvent plus, à jamais, tenir leurs promesses hypnotisantes.
Les dévastations et la fin des ressources sont irréversibles, le capitalisme est donc mort et les progrès sociaux de ce Système aussi.
Il ne reste que la coercition ‘totale’.…
ou une révolution ou la guerre, ou tout cela.
C’est donc trivialement et inexorablement un changement civilisationnel
qui se profile.
200 ans de capitalisme, de pouvoir bourgeois trompant les populations assorti de dévastations.
Beau bilan des mafieux car durer 200 ans en faisant le contraire de ses discours, il faut le faire.
Las, c’est peut-être bientôt fini.
Au consentement des croyants se substituera la soumission violente, si les dominants continent de vouloir dominer, comme toujours.