Huit jours après le couronnement de Charles III, j’ai le plaisir de publier la critique moqueuse de David Langlois-Mallet, qui exprime les sentiments d’une partie, non mesurable, de l’opinion publique. Je lui adresse, en retour, quelques remarques.  

 

Autant le départ d’Elisabeth II faisait l’unanimité, dans l’émotion et le sentiment d’adieu que le XXe siècle tout entier semblait nous adresser ; autant le couronnement patchwork d’un gentilhomme attachant et très estimable mais si âgé que son sacre semble mettre en lumière le fait qu’une Angleterre rhumatismale, aux vertèbres compressées sous le poids de l’or et du diamant, ait du mal, comme la France, à se réinventer dans la jeunesse multicolore et gospel de son ex-empire.

Au moins, reconnaissons à Albion, deux mérites que nous n’avons pas, celui d’essayer et celui de savoir s’appuyer sur toutes ses mémoires. Pour le reste… Sans s’attendre à un jardin à la française ou à une table étoilée du Michelin sous la pluie de Londres, le message que recevaient deux milliards d’écrans du monde, faisait un peu œufs brouillés à la marmelade, viande (bouillie) au caramel. Tous ingrédients délicieux en eux-mêmes, mais dont le mélange dérange la papille, heurte plus encore l’estomac.

Si le kitch et les juxtapositions improbables font partie intégrante du style inimité de nos voisins — quelque part entre étiquette victorienne et Benny Hill ayant besoin l’un de l’autre — ainsi la tenue ultime du couple souverain au balcon, semblait davantage échappé d’une parodie paillettes de Disney, qu’inspirer la réelle majesté que l’on voit sur les derniers portraits de nos rois Bourbon.

La nature même, déjà assez médiévale pour nous d’une cérémonie de couronnement à l’ombre de la main huilée de Dieu représente déjà un sacré saut dans le temps et les imaginaires, sans la bousculade des gens d’Église, de temples, de pagodes, de synagogues, de mosquées et de gurdwaras. Le copieux cérémonial anglais ajoute à tous les ustensiles de l’an mil, globe, main de justice, épée, anneau… la magie certaine, de chevaliers improbables et de représentants d’ordres anciens, la poésie du champion du roi, d’hérauts d’armes de la Renaissance qui semblent, comme les juges à perruques et de tout un folklore des pouvoirs et des dignités qui semble ainsi mettre à distance sa force, pour s’échapper tout droit d’un jardin victorien de Lewis Caroll. Ne manquaient au fond, que le Dodo et le Loir de la théière.

Dans cette pétarade profuse de signes et messages envoyés depuis mille ans d’histoire à nos cerveaux, la parade militaire, allait rajouter ses bonnets à poils, chipés à la Vieille Garde à Waterloo, les bicornes d’officiers de la Guerre en dentelle et une impression générale d’assister moins au défilé d’une armée moderne, qu’à la parade des fantômes de l’armée des Indes. Une impression visuelle à laquelle se mêlaient les couleurs sobres des nobles tartans et les parures acidulées de tout ce que les dames d’Albion comptaient comme duchesses douairières et jeunes premières chaudasses en robe citron, mandarine ou pamplemousse. Me faisant penser à une phrase dans un livre qui m’avait marqué adolescent, « le sexe de nos compagnes, à goût d’algues et de bonbons anglais » (alors que je n’en avais jamais goûté), excepté les Smith Kendon de chez Harrods, rue de Rivoli.

De même, les sublimes gospels mêlaient leurs accords blancs et noirs aux canonnades, aux chants profond de Galles à l’Orgue, l’éclat des trompettes à la playlist rock, Haendel, au chœur des angelots, tandis que passaient et repassaient sous nos yeux tous les drapeaux multicolores du Commonwealth et les parures chatoyantes des peuples du monde qui la composent, accentuaient un aspect catalogue des passés, sans ordre possible ni projection dans l’avenir nécessaire.

L’Age de ce monarque de transition, donnant l’impression que la diversité du multiculturalisme était parfois davantage convoquée pour soutenir une aristocratie blanche finissante, que pour s’y intégrer ou en reprendre le flambeau. Sans compter le tiers exclu, que devait nécessairement être le peuple petit blanc du Brexit renvoyé à ses quiches écolos aux épinards, s’il a encore les moyens de faire chauffer son four, ce qui n’est pas certain. Toute ressemblance avec le Royaume actuel de France…

A la différence de notre pays toutefois, l’Angleterre elle, ne sait pas jeter, et conserve son incroyable et parfaitement authentique brocante. Sans occulter une part de fascination du spectacle, et d’admiration évidente reste tout de même une impression de Neflixisation, celle d’avoir assisté à un épisode mixé entre The Crown et Games of Thrones, Downtown Abbey et un Bholliwood, plus qu’à un jour historique.

La sublime épouse du prince de Galles, comme la classe du petit prince, nous rendent impatient de l’épisode suivant. Si nos vieilles nations ont encore la force après l’effondrement de l’Europe actuelle et l’émergence des BRICS, d’auto-produire une saison. Ce qui n’est pas certain.

DAVID LANGLOIS-MALLET

 

Cher David,

Des goûts et des couleurs, on ne discute pas. On peut ranger dans le clinquant et le dérisoire tous ces bijoux, carrosses, tuniques rouges et bonnets à poils. Mais la distance ironique, assortie d’appréciations morales sur le coût de la cérémonie, ne vaut pas seulement pour le couronnement de Charles III. Les grandes messes catholiques provoquent depuis des siècles les moqueries des anticléricaux et bien d’autres manifestations, dans le monde, peuvent être rangées parmi les rites désuets d’un monde révolu.

Cette critique des apparences est apparemment raisonnable et raisonnablement vertueuse puisqu’elle invite à la simplicité des mœurs, hors de la vue de tout spectacle infantilisant et coûteux. Des gens au pouvoir qui seraient proches des gens ! Du sans-façons ! Du bon-enfant ! Ces exhortations suscitent la sympathie et font rêver à l’austérité des vieux Romains. Elles laissent entière la question de la symbolique politique. Qu’en reste-t-il quand on l’a débarrassée de tous les objets qui portent la mémoire et l’histoire de la collectivité, quand les personnages ont été dépouillés de leurs uniformes ou de leurs robes qui signifient que l’individu s’efface derrière la fonction ? La Res publica, ce sont des principes et, on l’oublie trop souvent, des choses. Réduire ces choses à de la quincaillerie hors d’âge pour libérer les gens de naïves fascinations, c’est exposer le peuple à la dislocation.

La symbolique politique, c’est tout et rien – mais pas n’importe quoi. Les petits riens des apparences – des pierreries, du métal, du tissu – qui renvoient à l’ensemble constitué par l’autorité, le pouvoir et le peuple. La symbolique, c’est ce qui fait lien, ce qui rassemble. Cela n’a pas d’âge, pas de sexe. La fonction royale, c’est d’assurer ce lien et de le transmettre. Le fait de réunir comme celui de transmettre compte infiniment plus que l’agent de la réunion et de la transmission. La personne qui remplit cette fonction est sacrée parce qu’elle est depuis le plus jeune âge sacrifiée à la res publica, au commonwealth – ce qui ne va pas sans rébellion ni échappées diverses. Qu’on soit jeune ou vieux, la couronne pèse lourd au propre comme au figuré parce que la charge est écrasante.

A Londres comme ailleurs, le peuple assemblé reconnaît cette charge et acclame celui ou celle qui la porte sans qu’on puisse y voir une fascination. Nul n’ignore les mésaventures passées de Charles dans ce qui lui restait de vie privée… Menus désordres et gros scandales alimentent les conversations mais cela pèse peu au regard de ce qui se joue dans les cérémonies : l’autocélébration du peuple lui-même, dans son passé tragique et glorieux et dans la réassurance de son avenir. Le peuple ne vient pas au spectacle – on voit beaucoup mieux la cérémonie à la télévision. Il se presse dans les rues de Londres parce c’est le moment privilégié où il peut vérifier, dans la joie, son existence et sa force. Personne ne l’oblige à venir assister au couronnement. Personne ne l’oblige à se rendre le lendemain aux fêtes de voisinage – le Big Lunch –  qui viennent encore concrétiser ce lien, puis le surlendemain à la journée du bénévolat – The Big Help Out – où l’on s’entraide en hommage au dévouement du roi.

On peut bien sûr essayer autre chose. Dans le sens maximaliste, nous avons eu le culte des idoles totalitaires du siècle passé. Nous venons quant à nous d’assister le 8 Mai, au minimaliste cérémoniel : celui accompli par l’homme récusé par le peuple souverain qui joue le rôle d’un chef d’Etat au cours d’une cérémonie patriotique dont le peuple est écarté par des barrages militaires et policiers.

Nous, Français, pouvons retrouver une République incarnée sans imiter qui que ce soit. Nos voisins d’Outre-Manche vivent dans un royaume alors que la France est une nation, non moins historique que le Royaume-Uni mais différente de celui-ci. Notre République qui se donnerait un roi n’en demeurerait pas moins fidèle à ses principes et sans doute plus capable qu’aujourd’hui de mettre en œuvre, grâce à une médiation incarnée, la liberté individuelle et collective, la laïcité et la démocratie sociale.

En attendant de reprendre notre conversation, cher David, réfléchissons à ce que nous dit Pascal :

Les choses du monde les plus déraisonnables deviennent les plus raisonnables à cause du dérèglement des hommes. Qu’y a-t-il de moins raisonnable que de choisir, pour gouverner un État, le premier fils d’une reine ? L’on ne choisit pas pour gouverner un bateau celui des voyageurs qui est de meilleure maison. Cette loi serait ridicule et injuste ; mais parce qu’ils le sont et le seront toujours, elle devient raisonnable et juste, car qui choisira-t-on ? Le plus vertueux et le plus habile ? Nous voilà incontinent aux mains, chacun prétend être ce plus vertueux et ce plus habile. Attachons donc cette qualité à quelque chose d’incontestable. C’est le fils aîné du roi ; cela est net ; il n’y a point de dispute. La raison ne peut mieux faire car la guerre civile est le plus grand des maux.

 ***

Partagez

5 Commentaires

  1. Jean-Paul Roufast

    Totalement d’accord avec toi, Bertrand. La symbolique est la « meta-dimension » qui s’est entièrement évaporée de nos sociétés seulement tournées vers les satisfactions matérielles. Nos en crèverons bientôt, surtout en continuant d’importer des populations qui continuent à respecter les leurs. Mais malgré tout un petit coup de chapeau aux Anglais qui ont encore un reste d’ énergie pour s’agripper à quelques beaux restes…
    JPR

  2. DOMINIQUE YVON DECHERF

    « La réelle majesté que l’on voit sur les derniers portraits de nos rois Bourbon » : l’opposition faite entre la famille Windsor au balcon et « nos derniers Bourbon » – outre qu’il faudrait comparer avec les portraits officiels, photographiques et non plus peints, qui ne manquent pas de majesté – , me semble recouvrir la vieille opposition entre les deux histoires monarchiques (à laquelle j’avais consacré une thèse il y a bien longtemps) qui ont divergé dès le Moyen Age et deux idées du roi comme chez Péguy et Bernanos: le roi chevalier et le roi absolu. David a raison: la monarchie britannique est médiévale. Celle de la chevalerie et celle de la Magna Carta que la monarchie française a abandonné avec les Bourbons. Il a fallu attendre 1814 pour une Charte. Charles III est plus proche de nos rois Valois. C’était aussi évident chez Shakespeare.
    Seconde remarque: sur le côté religieux. Les paroles de l’onction sainte du sacre britannique font référence non à David mais à Salomon: « de même que Salomon fût sacré roi par le prêtre Zadok et le prophète Nathan (Ier livre des Rois, I, 39)…En France, le sacre a été détourné de son sens vers une théologie de la monarchie de droit divin au service de l’absolutisme alors qu’en Angleterre le roi est serviteur.
    On peut faire une autre citation de Pascal dans le premier discours de la condition des grands: « Ainsi il avait une double pensée: l’une par laquelle il agissait en roi, l’autre par laquelle il reconnaissait son état véritable, et que ce n’était que le hasard qui l’avait mis en la place où il était. Il cachait cette dernière pensée et il découvrait l’autre. C’était par la première qu’il traitait avec le peuple, et par la dernière qu’il traitait avec soi-même. »

  3. David Langlois-Mallet

    Cher Bertrand,

    Ma véritable interrogation de fond, porte sur la façon dont nos vieilles nations, française et en l’espèce britannique, négocient leur tentative de survie, de mutation. Ceci au moment où, d’une part la dynamique du monde passe à la faveur de l’autodestruction européenne dans la guerre d’Ukraine dans les mains des BRICS (la France, n°3 dans mon enfance, s’apprête à sortir du « Top 10 » des nations au profit de… l’Indonésie), qui n’en doutons pas lanceront demain un ONU concurrent à base d’un G20 élargi et avec un Conseil de Sécurité très différent. Et où d’autre part, intérieurement, nos sociétés devenues très fragmentées et composites peinent à trouver l’équilibre entre leur identité historique et les peuples de leurs anciennes colonies qui les composent, et où surtout au moment ou la globalisation économique nous place tous devant le vertige de la survie écologique.

    J’étais donc friand de ce couronnement de Charles III, ni comme les militants monarchistes de longue date pour y voir le miroir d’un sacre français rêvé, ni comme les sans-culottes pour bouffer de l’hermine et de la calotte. Mais pour voir comment Charles III et les Anglais proposaient aux Britanniques, à leur système de communautés ethniques ou religieuses et au Commonwealth, d’entrer dans le XXIe siècle, quel pacte ce roi entendait nouer et comment se jouait l’articulation avec l’histoire de l’Angleterre et celle de l’Empire.

    L’inconvénient qu’il y a à commenter (beaucoup trop comme moi) l’actualité, est que l’on s’expose à des papiers faibles. Celui-ci en fait partie. Je lui ajoute deux inconvénients pour susciter dans les meilleures conditions vos réponses, d’une part de venir en complément d’un autre*, comme un ajustement. Enfin de pas être absolument de bonne foi. La pointe de raillerie que vous sentez, n’étant peut-être qu’une pointe de jalousie à l’égard de nos vieux voisins et rivaux. Toutefois, reconnaissons à mon faible billet un mérite, celui de provoquer l’honneur d’un débat, de votre part et de celle de Dominique (sans parler de celle de celle de Pascal et de Jean-Paul).

    Oui ! Monarchie ou pas, je serais heureux pour la France si elle avait un quart des traditions symboliques de l’Angleterre. Cela me rend d’autant plus acide, que je pense en effet que le cérémonial de nos voisins est une copie un peu toc, de nos propres traditions. Les tenues d’apparat me paraissent plus proches de la royauté des séries commerciales, que de la tenue du sacre de Louis XVI telle que nous la connaissons par Rigault ; l’huile bio, bien en deçà de celle de la colombe de St Rémi. Et ainsi de suite.

    Mais je reconnais aux Anglais, dans ce billet d’humeur discutable, d’essayer quelque chose. Les « regalia d’Angleterre » portés par des témoins de toutes les cultures en étant un exemple. Il y a une tentative d’intégrer tout le pays moderne, à ses rites de l’an mil et à la synthèse de toute son histoire, tel que la cérémonie et le défilé et l’ont montré et tels que j’ai essayé de le décrire. À mes yeux, c’est un bric-à-brac, car j’ai trouvé l’unité de toute cette juxtaposition difficile à percer. Je ne suis pas convaincu par l’étalage catalogue de toutes les religions etc. Mais, ils ont essayé quelque chose ! Charles III tente de dire aux Britanniques que quelles que soient leurs origines, ils ont leur place dans ce couronnement. C’est maladroit, bancal, communautariste, syncrétiste, mais cela existe. En France, l’équivalent n’est réalisé que par les footballeurs lorsque l’on gagne une coupe du monde. Et encore, la diversité des drapeaux du Maghreb, attise le mal entendu.

    Bref, j’assume la mauvaise humeur de mon faux reportage, parce que notre tradition était beaucoup plus prestigieuse que la leur, parce que nous aurions sûrement une manière plus fine et intéressante de dire la diversité et l’unité ; en attendant nous le faisons pas la seconde et nous n’avons plus la première.

    * voir l’autre réponse

  4. David Langlois-Mallet

    L’autre question qui en découlait était celle de l’âge du capitaine

    Elle qui me paraissait participer d’un déséquilibre vers le passé du message, un peu comme un pull United Colors of Beneton des diversités pour la Noël de papi. J’imagine bien que Charles III a eu le temps de se poser la question de son abdication en faveur de son fils. Le couronnement d’un jeune roi, d’une reine éblouissante accompagné de petits princes sautillants auraient eu une autre allure que l’image de successeur à la tête de l’Epadh que semble devenue, sur beaucoup de plans, comme ses ardeurs belliqueuses anachroniques contre la Russie, la vieille Angleterre. Quitte à être dans la symbolique…

    Mais il est très clair que le métier de roi, même dans une monarchie croupion, traditionnellement sous contrôle depuis la défaite à Bouvines, n’est pas que de la symbolique, mais aussi un exercice et une expérience. À cet égard, Charles, placé à un poste d’observation incomparable depuis 70 ans, de l’intérieur du boulot et y ajoute ses qualités personnelles, politiques et humaines, est le meilleur « non-choix » (si on me passe l’expression). Et sera sans doute un excellent roi si les circonstances lui donnent un rôle.

    Les Anglais, avec moins de faveurs du destin que les Français, ont su se donner une meilleure chance de réussir leur intégration et leur entrée dans le monde nouveau. Et cela me contrarie de devoir le constater. Nous Français, nous passerons sans doute par une convulsion, nationaliste ou islamienne, avant de trouver un axe. Mais à quel prix ?

    Une monarchie en France nous éviterait-elle ces convulsions et pourrait-elle nous redonner un cap commun ? Sans en faire un préalable absolu à la discussion avec notre époque, cela mérite examen. Vous le faites, avec constance je crois.

    Voilà pourquoi mon sentiment est mitigé, et que l’inconvénient d’un billet, de complément, de mauvaise foi, et d’une pointe de jalousie, est qu’il place ses estimés confrères, ainsi que les lecteurs, un peu en porte à faux au moment de répondre à des critiques. Il doit justifier de lui-même, plutôt que répondre vraiment à la conversation. Car quant à l’importance de la symbolique politique, elle n’y était pas niée, plutôt discuter dans sa forme kitch et vide-grenier théologique. La critique étant une façon de reconnaître la nécessité de symboles bien ordonnés. Le second débat de l’absence de choix, étant absolument plus riche et d’actualité puisqu’il rebondit en effet sur l’actualité française dans laquelle on voit un président, seul, ayant organisé le vide autour de lui, accomplir les cérémonies d’une fête de la Libération qui avait mis des millions de gens dans la rue. Le contraste est en effet frappant entre un chef d’Etat, imposé par la coutume et l’histoire et recevant d’elles son poids entouré d’un peuple en fête et un autre, choisi par une majorité, paraît-il, pour cet étrange et inquiétant célébration de l’isolement narcissique. Mais cela sera l’objet d’un prochain billet de Royaliste, je crois ?

    Ne divulgachons donc pas. Mais laissons plutôt ci-dessous une trace du billet précédent, que celui en question venait corriger.

  5. David Langlois-Mallet

    Le billet précédent, celui objet de la réponse.

    Angleterre. Grand Dieu sauve le roi !

    Quand vous sacrifierez ce matin, sans vergogne, goulûment, à la fascination royale, ou avec la mauvaise conscience de la faute républicaine, parfois prenant la forme de la tradition sans-culottide du juron et du blasphème.

    Souvenez-vous que, comme l’huile pressée à froid, ces jours-ci, pour l’évènement de l’onction du roi d’Angleterre n’est qu’une imitation du rite de celle de la Sainte-Ampoule, apportée à St Rémi de Reims par une colombe divine entour l’an 500, tout le faste, le décorum et la tradition dont la vieille Angleterre est capable n’est qu’une petite version inspirée de celle, que nous portons en nous, de la grande référence européenne royale des Capétiens.

    Républicains de longue tradition depuis 1302 — et sans doute bien avant — nous sommes aussi le peuple de la grande tradition royale, les Droits de l’Homme et la passion de l’Egalité en plus.

    Merci à nos 《 challengers 》 Anglais de mieux garder nos traditions que nous-mêmes pour nous les rappeler à l’occasion. Et de nous faire, avec tact, la leçon. Evoluer et garder ses traditions n’est pas contradictoire.

    Langlois-Mallet